L'Année sociologique

Sociologie de la consommation, 61, avril 2011

L’Année sociologique, fondée par Émile Durkheim en 1898, est la première et la plus ancienne des revues scientifiques propres aux sciences sociales. Figurant parmi les revues de référence en sociologie, elle a également l’ambition de ne pas s’arrêter aux frontières disciplinaires, et de mettre en évidence les rapports que les sciences sociales entretiennent avec des sciences voisines, notamment politiques et juridiques.
Le dossier thématique de ce premier numéro de 2011 porte sur la sociologie de la consommation, chantier de recherche encore largement en développement. Les cinq articles réunis et présentés par Simon Langlois touchent différents aspects de la sociologie de la consommation : analyse des besoins tels qu’ils apparaissent dans les budgets de famille, analyse de l’acte d’achat, examen de la distribution, étude d’un mouvement de consommateurs.
La première étude porte sur la structure des dépenses des ménages de classes moyennes au Canada et en France d’après les enquêtes budgets de familles effectuées dans les deux pays. L’analyse montre, que des deux cotés de l’Atlantique, une partie de la classe moyenne est tirée vers le bas de la hiérarchie sociale alors qu’une autre s’aligne plutôt sur la consommation des ménages les plus favorisés.
Vincent Chabault examine ensuite le modèle commercial de la FNAC, à partir de Contact, le journal des adhérents. Il met en évidence l’évolution de ce modèle axé sur l’information du consommateur et sur la démocratisation de l’accès aux biens technologiques et culturels. Comme distributeur la FNAC a « identifié et programmé l’évolution des attentes et des pratiques des consommateurs dans la France des années 1960-1980 ». 
Puis vient une question fondamentale : étudier la consommation, est-ce étudier le consommateur ? Et c’est autour d’un chariot de supermarché que l’on observe, en situation réelle, les consommateurs, l’acte d’achat et tout « ce qui s’échange autour d’un chariot ». Ce chariot qui, en favorisant l’agrégation autour de lui d’un petit collectif, transforme le consommateur en consommateur collectif.
Nathalie Heinich aborde un objet, la consommation de la célébrité, étudiée dans les cultural studies anglo-saxonnes, mais peu exploré en France. Pour elle, la célébrité est un « bien immatériel » dont la consommation peut et doit être étudiée, sans porter les habituels jugements moraux ou politiques. La célébrité engendre, à travers sa consommation, une économie spécifique, liée aux médias, à la publicité, au spectacle, etc.
Enfin le dernier article étudie la consommation en portant une attention particulière au genre. Il se penche sur le rôle joué par les femmes au sein de la « Ligue sociale d’acheteurs » active en France au début du XXe siècle, l’une des premières organisations à l’origine de la consommation engagée, prônant une consommation tenant compte des conditions de production et de vente des produits.

 

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