Découverte de la plus ancienne sépulture africaine

Archéologie

La découverte de la plus ancienne sépulture d’Afrique, datée de 78 000 ans, vient d’être dévoilée dans la revue Nature par une équipe internationale comprenant plusieurs chercheurs du CNRS1 . Dans le site de Panga Ya Saidi, situé au nord de Mombasa, au Kenya, le corps d’un enfant de trois ans, baptisé par les chercheurs « Mtoto » (enfant en Swahili), a été déposé et enfoui à l’intérieur d’une fosse volontairement creusée. En analysant les sédiments et la disposition des ossements, les chercheurs ont mis en évidence que le cadavre a été protégé en l’enveloppant dans un linceul en matière périssable et que sa tête devait aussi reposer sur un support périssable. Malgré l’absence d’offrande et d’ocre, pourtant communs dans des sépultures plus récentes, ce traitement plaide en faveur d'un rituel complexe, qui a probablement demandé la participation active de plusieurs membres de la communauté. L’individu appartient à notre espèce mais garde dans sa morphologie dentaire, par comparaison avec des restes humains de la même époque, quelques traits archaïques le reliant à de lointains ancêtres africains. Cela semble confirmer, comme il a été suggéré à plusieurs reprises au cours des dernières années, que l’origine de notre espèce en Afrique a des racines anciennes et régionalement diversifiées.

Photo de Panga Ya Saidi. Système karstique situé à 50 kilomètres au nord de Mombasa au Kenya (en haut) ; reconstruction 3D de la disposition des restes de l'enfant (au centre), reconstitution artistique de la sépulture (en bas).
© Mohammad Javad Shoaee / Jorge González / Elena Santos / F. Fuego / MaxPlanck Institute / CENIEH.

Pour aller plus loin :

Un documentaire sur le travail de l’équipe française à Panga ya Saidi (Kenya) est disponible en version française, anglaise et italienne : https://youtu.be/zDWFgciFTb4 (version française)

De plus l’université de Bordeaux organise un ciné-débat numérique le vendredi 7 mai.

 

 

  • 1Ont participé des chercheurs des laboratoires « De la Préhistoire à l'actuel : culture, environnement et anthropologie » (CNRS/Université de Bordeaux/Ministère de la Culture) et des chercheurs de l’Institut de recherche sur les archéomatériaux (CNRS/Université Bourgogne Franche-Comté/Université d'Orléans/Université Bordeaux Montaigne). Le projet a notamment été financé en France par le LabEx LaScArBx.
Bibliographie

Earliest human burial in Africa. María Martinón-Torres, Francesco d’Errico, Elena Santos, Ana Álvaro Gallo, Noel Amano, William Archer, Simon J. Armitage, Juan Luis Arsuaga, José María Bermúdez de Castro, James Blinkhorn, Alison Crowther, Katerina Douka, Stéphan Dubernet, Patrick Faulkner, Pilar Fernández-Colón, Nikos Kourampas, Jorge González García, David Larreina, François-Xavier Le Bourdonnec, George MacLeod, Laura Martín-Francés, Diyendo Massilani, Julio Mercader, Jennifer M. Miller, Emmanuel Ndiema, Belén Notario, Africa Pitarch Martí, Mary E. Prendergast, Alain Queffelec, Solange Rigaud, Patrick Roberts, Mohammad Javad Shoaee, Ceri Shipton, Ian Simpson, Nicole Boivin et Michael D. Petraglia. Nature, le 5 mai 2021. DOI : 10.1038/s41586-021-03457-8.

 

Contact

Francesco d'Errico
Chercheur CNRS
Alain Queffelec
Chercheur CNRS
Elie Stecyna
Attaché de presse CNRS