Développement de transports flexibles et partagés : un impact positif sensible sur l’environnement

Innovation Sciences des territoires

Du 30 janvier au 1er février 2020, au Grand Palais à Paris, s’est tenu le sommet international ChangeNow, le plus grand rassemblement mondial des acteurs de l'impact positif « 1000 innovations pour la planète ». 27 000 participants ont arpenté le Grand Palais, à la recherche de partenariats et de solutions innovantes respectueuses de l’environnement, dans divers domaines : l’énergie, le recyclage des déchets, l’alimentation, le prêt-à-porter, le social, la mobilité, etc.

À cette occasion, le laboratoire ESPACE (Études des structures, des processus d'adaptation et des changements de l'espace, UMR7300, CNRS / Avignon Université / Aix-Marseille Université / Université Côte d’Azur), œuvrant notamment dans les domaines de la géographie quantitative, de l’analyse spatiale et de l’aménagement urbain, a présenté ses recherches sur les transports partagés et durables, en collaboration avec la Région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. L'équipe a exposé cinq posters réalisés par les étudiants du Cursus Master Ingénierie (CMI) de Géographie et a proposé une animation sur les problèmes d’optimisation de transport partagé sur grand écran. Les participants pouvaient également jouer à un quiz sur les transports et l'environnement à l’aide de deux écrans tactiles. Des étudiants de Master de Géographie d'Avignon Université étaient impliqués dans cette action et ont animé le stand du CNRS. Deux entreprises de la région PACA ont également été invitées à se joindre au stand : Sunoleo, une start-up de Marseille travaillant sur la production d’énergie propre par micro-algues, et Instant-System, société de Sophia-Antipolis développant des solutions de transports en intermodalité.

Étudiants en 1ère année de Master de Géographie, CMI (Cursus Master Ingénierie), Avignon Université, à l’écoute des visiteurs sur le stand du salon ChangeNow 2020 © UMR ESPACE / CNRS / Avignon Université 2020

D’après une étude de l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) datant  de 2018, on estime que les transports contribuent en France métropolitaine à environ 40 % des émissions du dioxyde de carbone atmosphérique, 70 % des oxydes d'azote, 50 % du monoxyde de carbone et 15 % des particules. De plus, le transport consomme à lui seul un tiers de l'énergie produite. C'est dire si son impact dans la lutte contre le réchauffement climatique est à considérer avec acuité : il constitue un levier essentiel pour réduire les émissions de polluants atmosphériques. Dans l'objectif de neutralité carbone fixé par l'État, on vise une réduction de 40 % des gaz à effet de serre dès 2030, puis 75 % à l'horizon 2075. La France a déjà réduit d’environ 30 % ses émissions, tous types confondus, sur les quinze dernières années, exceptés les gaz à effet de serre, qui, après avoir diminué, sont repartis à la hausse depuis cinq ans, notamment à cause de l’ozone émis par les véhicules. Or, cette augmentation a un impact direct sur le réchauffement climatique, rendant cruciale la lutte contre les émissions de polluants atmosphériques issus des transports.

Dans ce contexte, les recherches du laboratoire ESPACE sur les transports flexibles, partagés et optimisés se situent en amont des modes proposés par les collectivités et les opérateurs privés, tels que les transports à la demande, le covoiturage, les véhicules de tourisme avec chauffeurs (type Uber) ou l’autopartage. D’une part, il s’agit d’estimer les flux avec des modèles gravitaires1 élaborés afin d’anticiper les évolutions des pratiques de mobilité. D’autre part, les chercheurs proposent des méthodes d’optimisation qui permettent de regrouper les passagers dans les véhicules et de réduire sensiblement les émissions de polluants atmosphériques. Dans des situations de densité et de convergence suffisantes des flux, comme on peut les rencontrer dans beaucoup de grandes villes construites sur des modèles centre-périphérie, on peut réduire de plus de la moitié les véhicules roulants et diminuer de façon importante les distances parcourues, sans que la qualité de service n’en pâtisse. Aujourd’hui, Didier Josselin, directeur de recherche au CNRS et directeur du laboratoire ESPACE, mène des travaux sur la recherche du mode de transport collectif individualisé2 qui pollue le moins selon la géographie des territoires à desservir.

  • 1Le modèle gravitaire fait partie de la famille des modèles d'interactions spatiales. En géographie, il est utilisé dans l'estimation des interactions spatiales entre des objets localisés (villes, lieux…), en fonction de leurs masses respectives et des distances qui les séparent.
  • 2Comme il s’agit de petits véhicules, ils peuvent réaliser des transports en porte à porte et sont donc individualisés, c’est-à-dire qu’ils répondent très correctement à la demande de mobilité, en minimisant les détours et la perte de temps de chaque passager. Mais, d’un autre côté, ils sont collectifs car ils visent à regrouper le maximum de passagers, en minimisant la distance parcourue et en optimisant les trajets.

Contact

Didier Josselin
Directeur de recherche CNRS, Études des structures, des processus d'adaptation et des changements de l'espace (ESPACE)