Croire en l’État. Une genèse de l’idée de service public en France (1873-1940)

Sociologie
Auteur(s)
Charles Bosvieux-Onyekwelu
Publication
novembre 2020
Appartenance
UMR8562 Centre Norbert Elias (CNELIAS)
Éditeur
Éditions du Croquant

La notion de service public est devenue, depuis 1945, un instrument de lutte contre les inégalités sociales et territoriales en même temps qu’une forme de contrepoids à la logique capitaliste de la recherche du profit.

En proposant une genèse de cette idée sous la IIIe République, cet ouvrage revient sur une période considérée comme fondatrice et permet de comprendre le privilège des milieux juridiques dans la promotion de cette notion. Il fait l’hypothèse que c’est alors la volonté de certains acteurs de réorganiser le champ du droit qui constitue un facteur déterminant pour expliquer la captation de cette idée par les membres du Conseil d’État et les professeurs de droit. Le service public y apparaît ainsi comme un discours de rechange des élites du monde juridique et administratif, mais qui, dans un contexte en voie de démocratisation, n’est pas toujours contrôlé par elles. Alors que la revendication de service public apparaît aujourd’hui avec insistance à l’hôpital, à l’Université ou dans les transports, ce livre, qui restitue une enquête de sciences sociales à la fois fouillée et accessible, intéressera le lecteur curieux d’en savoir plus sur la genèse d’un phénomène politique né au cœur de l’État et structurellement différent des réponses à la question sociale apportées par la philanthropie ou la charité.

Fondé sur une biographie collective des promoteurs de l’idée de service public entre 1873 et 1940, le livre propose une histoire incarnée de cette notion et permet de mettre des visages et des noms derrière la construction de l’État républicain en France. Il étaye empiriquement les métamorphoses de la notion de service public, de sa naissance dans l’univers feutré des élites administratives de l’État jusqu’à sa consécration comme revendication authentiquement démocratique. Marqué par l’ambition de proposer une histoire totale de son objet, il est susceptible d’intéresser les chercheur·e·s en sciences sociales tout autant que les professionnel·le·s et praticien·ne·s du service public (fonctionnaires, juges, élu·e·s, ministres, étudiant·e·s et candidat·e·s aux métiers de la fonction publique). Au-delà, et en particulier dans le contexte actuel, il s’adresse à l’ensemble des personnes qui voient aujourd’hui dans le service public une nécessité face à la néolibéralisation du monde.