La Revue économique opte pour une diffusion modèle Diamant

Créée en 1950, la Revue économique est la revue française historique pour les sciences économiques et elle joue un rôle structurant dans cette discipline en France. Elle est lue en France et très largement diffusée à l’international.

Dès sa création par ses fondateurs, parmi lesquels Fernand Braudel, Émile James, Étienne Labrousse, Jean Lhomme, et d’autres chercheurs de l’École des hautes études en sciences sociales, des facultés de droit et des lettres de Paris et du Collège de France, elle a été pensée comme « […] largement accueillante, ouverte à toutes les tendances de l’ordre de la connaissance comme celui de la méthode, en matière de théorie de science pure, comme en matière de doctrines, de politique économique. Sans exclure aucune des tendances [avec] peut-être quelque préférence pour les nouvelles… ». Ouverte aux apports des autres sciences sociales susceptibles d’enrichir la réflexion et les méthodes des économistes, la Revue économique offre une vision aussi large que possible de toutes les tendances de l’analyse économique, publie des travaux originaux dans tous les domaines de la recherche économique, théorique et empirique, et décerne un prix tous les deux ans depuis 2012 à une économiste pour son parcours exceptionnel.

La Revue économique est publiée sous l’égide de l’association Revue économique (la revue a le statut d’association loi 1901 depuis 1977). Elle est éditée et diffusée par les Presses de Sciences Po, consultable en ligne sur Cairn (après 2003), Jstor (intégralement), et Persée (avant 2003), et également disponible en version imprimée. La tomaison annuelle se compose de six numéros par an.

Réorganiser le financement de la Revue économique pour permettre son passage en accès ouvert

C’est ensemble que les membres du Bureau ont travaillé à la refonte du financement de la Revue économique et à son passage en accès ouvert. Organiser un passage en accès ouvert, donc donner accès aux articles au lecteur sans surcoût correspondait, dans notre cas, au souhait de mettre en place la politique du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) et du CNRS en matière de science ouverte. Les publications scientifiques étant le résultat des efforts des chercheurs et chercheuses, dont beaucoup parmi nos auteurs sont fonctionnaires en France et donc rémunérés par de l’argent public, il semble raisonnable de rendre accessible à tous les fruits de ces recherches sans payer une seconde fois. Étant économistes, nous comprenons qu’un bien dont le coût n’est pas supporté par le consommateur ne peut être produit que si une autre source de financement peut assurer sa production. Dans le cas de la Revue économique, le passage en accès ouvert a été le résultat d’une stratégie délibérée et multipartite, avec comme objectif le développement d’un modèle de financement pérenne qui permettrait d’en assurer la production sans faire payer le lecteur.

Pour commencer, les membres du Bureau de la Revue économique ont beaucoup travaillé pour comprendre les objectifs de tous les acteurs concernés et pour estimer les risques, avec en tête les enseignements de la théorie des jeux coopératifs et la théorie des jeux non-coopératifs. Être économiste est parfois utile ! Les membres du comité de rédaction, du conseil scientifique et de l’association Revue économique, régulièrement informés, les ont soutenus et se sont déclarés favorables au projet de passage en accès ouvert.

Le passage en accès ouvert a été soutenu par CNRS Sciences humaines & sociales et par la section 37 Économie et gestion du Comité national de la recherche scientifique (CoNRS).

Élément tout aussi important et particulièrement remarquable, le passage en accès ouvert a été soutenu par les Presses de Sciences Po, maison d’édition de la Revue économique. Julie Gazier, directrice exécutive, et Nathalie Larmanjat, responsable commerciale et cession de droits, ont piloté cet effort, en acceptant aussi de contribuer au nouveau système de financement, et ce, après avoir toujours édité la revue, y compris dans des périodes de transition en matière de financement du travail éditorial.

Dans sa nouvelle configuration, la Revue économique bénéficie du soutien du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, via le programme de soutien aux publications en accès ouvert. Elle est désormais prise en charge, au sein de l’Unité d’appui et de recherche de Condorcet (UAR2028, CNRS), par Esther Cazin, ingénieure d’études CNRS, dans le service d’appui à l’édition scientifique ouverte placé sous la responsabilité de Chloé Beaucamp. Enfin, l’association a aussi sollicité les membres fondateurs de la revue afin qu’ils puissent contribuer au financement de son passage en accès ouvert.

Des initiatives pour maintenir l’exigence scientifique de la Revue économique dans ce nouveau système de financement

Passer en accès ouvert implique une stratégie de maîtrise, autant que faire se peut, des coûts. Afin de réussir ce passage toute en gardant l’exigence scientifique pour laquelle la Revue est reconnue, le Bureau et les Presses de Sciences Po ont récemment engagé une série de réformes.

Ces efforts témoignent de l’engagement envers l’ouverture et la modernisation, et portent notamment sur l’adoption d’un système de gestion des manuscrits en ligne, l’introduction de la possibilité de faire gérer les soumissions directement en LaTeX (langage de traitement de texte utilisé aujourd’hui par la plupart des auteurs qui publient dans la revue) et un changement de compositeur. Ces mesures visent à maintenir l’exigence scientifique de la Revue économique, tout en fluidifiant et simplifiant des processus éditoriaux nécessairement complexes.

Les avantages du modèle diamant pour les auteurs dans un monde scientifique qui exige l’accès ouvert

La diffusion des travaux en accès ouvert par la Revue économique est, pour de nombreux auteurs, un atout très significatif, car elle est exigée par certains grands financeurs. Nombreuses sont les maisons d’édition qui font payer le passage en accès ouvert, article par article, en facturant un prix important à l’auteur concerné. La Revue économique, grâce à sa politique d’accès ouvert intégral, donc sans aucun coût ni pour les lecteurs ni pour les auteurs, offre les conditions demandées par les grands acteurs de la recherche sans faire porter ce coût par les auteurs, ce qui pourrait décourager des soumissions.

Diffuser largement la recherche en sciences économiques

Conforme aux tendances actuelles en matière d’accès ouvert, le Revue économique témoigne de son engagement envers la diffusion libre et équitable des connaissances. Comme expliqué par le MESR, la science ouverte est « la diffusion sans entrave des publications et des données de la recherche ». La Revue économique vise à aider à construire l’« écosystème dans lequel la science est plus cumulative, plus fortement étayée par des données, plus transparente, plus rapide et d’accès plus universel ». Rendre accessibles les articles de la Revue économique constitue une démocratisation de l’accès aux savoirs financés sur fonds publics, utile à « la recherche, à la formation, à l’économie, à la société ». L’accès ouvert favorise non seulement les avancées scientifiques, mais aussi la diffusion de la connaissance, la démocratie, et les progrès économiques et sociaux, en France, dans les pays développés et aussi dans les pays en développement, la Revue étant notamment largement lue dans les pays en développement de la francophonie. L’accès ouvert constitue « un progrès scientifique et un progrès de société », et la Revue économique est fière de contribuer à ce mouvement.

David Margolis, rédacteur en chef, président du comité de rédaction, CNRS, Paris Jourdan Sciences Économiques, École d'économie de Paris ; Béatrice Boulu-Reshef, présidente de l’association Revue économique, directrice de la publication, université d’Orléans, Laboratoire d'économie d'Orléans ; Gabriel Desgranges, président du conseil scientifique, secrétaire de l’association,  CY Cergy Paris Université, Théorie économique, modélisation et applications (THEMA)  ; Florence Puech, trésorière de l’association, Université Paris-Saclay, PSAE

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