Romain TiquetMondes modernes et contemporains
Institut des Mondes Africains (IMAF), CNRS / EHESS / AMU / EPHE / IRD / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Après une formation en histoire et sciences politiques, Romain Tiquet s’est intéressé à plusieurs thématiques de recherches qui ont porté sur l’histoire de la police, du travail forcé, de la prison et, plus largement, de la répression de la marginalité urbaine en Afrique de l’Ouest (Sénégal et Burkina Faso essentiellement).
C’est dans la continuité de ces travaux qu’il a construit un nouveau projet de recherche autour d’une histoire comparative de la folie sur la longue durée (fin xixe- années 1980) dans trois territoires ouest-africains (Sénégal, Burkina Faso et Ghana). L’histoire de la folie reste cantonnée le plus souvent à une histoire institutionnelle de la psychiatrie en Afrique. Le cœur du projet est donc de proposer une histoire sociale multi-située de la folie interrogeant non seulement la multiciplité des lieux et des espaces mais aussi des acteurs qui ont à vivre, gérer et traiter le désordre mental au quotidien en Afrique de l’Ouest.
MaDAf - Une histoire de la folie en Afrique de l’Ouest. Gouverner le désordre mental au temps des décolonisations (Sénégal, Burkina Faso, Ghana, années 1940-1970)
MaDAf retrace l'histoire de la folie en Afrique de l'Ouest, pendant la période de décolonisation et après les indépendances. Le projet se concentre sur trois domaines principaux liés à l'histoire de l'Afrique, de la décolonisation et de l'histoire de la folie.
En examinant les périodes de décolonisation et de post-indépendance, le projet vise d'abord à souligner les ruptures mais aussi les continuités dans le gouvernement quotidien de la folie. MaDAf propose également un cadre théorique et méthodologique pour l'utilisation d'archives, jusqu'alors inexplorées (dossiers de patients d’hôpitaux psychiatriques) afin de construire une histoire comparative de la folie par le bas. Le projet entend dessiner une histoire sociale comparative de la folie qui dépasse l'histoire de la psychiatrie et, ainsi, esquisser un ensemble de réflexions plus large utile à l’histoire globale de la folie.
Ce projet est construit autour de trois axes de recherches : premièrement, il s'intéresse aux processus de définition et de catégorisation de la folie par une diversité d'acteurs afin d'analyser les processus de contrôle des populations pendant l'ère (post)coloniale. Deuxièmement, il propose une analyse multi-située de la folie en Afrique de l'Ouest en dépassant les espaces strictement psychiatriques afin de s’intéresser aux lieux et aux espaces qui gèrent la folie au quotidien. Troisièmement, le projet étudie les institutions psychiatriques en Afrique de l'Ouest, entendues comme des formes d'enfermement non pénal.
Mots clefs :
Histoire, Afrique de l’Ouest, Folie, Décolonisation, Ordinaire