Naïm VanthieghemMondes anciens et médiévaux
Chercheur CNRS, papyrologue à l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT, CNRS), Naïm Vanthieghem s’attache à l’édition et à la traduction de sources documentaires inédites — textes arabes, coptes et grecs d’Égypte de l’époque helléniste à l’époque fatimide — dans une perspective historique, économique, sociale et intellectuelle.
Dès l’adolescence, Naïm Vanthieghem se passionne pour le grec et le latin. En terminale, à l’université libre de Bruxelles (ULB), il apprend aussi l’akkadien, une langue sémite utilisée en Mésopotamie entre le IIIᵉ et le Iᵉʳ millénaire avant notre ère. « J’éprouvais une certaine fascination pour cette langue qui m’était inconnue et pour les nombreux mythes fondateurs que les tablettes cunéiformes avaient conservés ». Lors de son master de Lettres classiques, il s’ouvre à d’autres langues orientales — égyptien ancien, araméen, syriaque et arabe. Il soutient, en 2015, sa thèse en papyrologie grecque à l’ULB sur les archives grecques d’Hérôninos, un intendant agricole dans la province égyptienne du Fayoum. « Les papyrus offrent souvent des anecdotes qui, mises en série et lues en parallèle avec les sources manuscrites, permettent d’écrire l’histoire sociale, économique et intellectuelle de l’Égypte médiévale. Parfois, ils jettent un éclairage sur des événements de la grande histoire », souligne-t-il. L’année suivante, il part pour l’université de Princeton afin de déchiffrer des documents arabes de la communauté juive du Caire médiévale. En 2017, il rejoint le CNRS à l’IRHT.
Vendus par des marchands peu scrupuleux qui n’hésitaient pas à les découper en morceaux, dispersés dans différentes collections du monde, les papyrus ont la plupart du temps été découverts lors de fouilles sauvages. Naïm Vanthieghem cherche ainsi à reconstruire le puzzle. Avant l’interprétation, viennent aussi l’édition et la traduction, exercices souvent rendus compliqués par l’état de conservation des documents : « tantôt les vers y ont creusé des galeries, tantôt la terre a abrasé le support, tantôt enfin l’encre, trop riche en éléments métalliques, a fait fondre le papyrus au fil du temps, ne laissant plus qu’un texte en négatif ». Il étudie aujourd’hui la bibliothèque d’un marchand d’étoffes du Fayoum au IXesiècle1 — composée de lettres, documents juridiques, comptabilités — conservée au Musée du Louvre. « Ces documents renseignent sur de nombreux aspects de la vie économique et sociale de l’Égypte médiévale ; ils permettent aussi une plongée dans la vie quotidienne de cette famille — ses joies, ses peines, ses craintes et ses aspirations — et dans l’ambiance intellectuelle et religieuse dont elle était imprégnée ».
- 1Un projet de recherche mené avec Mathieu Tillier, professeur d'histoire de l'Islam médiéval à Sorbonne Université et membre du laboratoire Orient et Méditerranée (CNRS / Collège de France / EPHE-PSL / Sorbonne Université / Université Panthéon-Sorbonne).