L'éco-anxiété : quand le climat inquiète les étudiants

Résultats scientifiques Sciences des territoires

Le changement climatique devient de plus en plus préoccupant, en particulier pour les jeunes. Les scientifiques parlent désormais d'« éco-anxiété » pour décrire cette angoisse liée à l'avenir de notre planète. Une étude menée par le Laboratoire dynamiques sociales et recomposition des espaces (Ladyss, UMR7533, CNRS / Université Paris Nanterre / Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis / Université Paris Cité / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) auprès de 382 étudiants montre que 62 % d'entre eux sont inquiets face au changement climatique.

Laboratoire LADYSS (Laboratoire des dynamiques sociales et de la recomposition des espaces). 
Université Paris Nanterre.

 

Bien qu'il ne soit pas encore reconnu par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le terme « éco-anxiété » est maintenant inclus dans le dictionnaire Larousse 2023. Il s'agit d'une forme de détresse face aux changements climatiques, perçus comme incertains, imprévisibles et menaçants, mais ce n'est pas un trouble psychologique en soi.

Coordonnée par Noura Yefsah, docteur en psychologie au sein du Ladyss, l’enquête sur l’éco-anxiété, réalisée auprès de jeunes âgés de 17 à 24 ans dans quatre universités parisiennes1 , montre que la majorité des étudiants connaissent le concept d'éco-anxiété et ressentent une inquiétude importante face au changement climatique2 . Cette inquiétude a également des répercussions sur leur vie quotidienne et leurs études. 

 

Les étudiants éco-anxieux expriment leurs préoccupations avec des phrases comme :

  • « Quel intérêt de suivre des études dans un tel futur ? »

  • « J'ai peur de l'avenir. »

  • « À quoi ça sert de faire des études si on ne peut pas vivre sur Terre ? »

  • « Je n'arrive pas à me projeter vers l'avenir incertain. »

  • « Je m'inquiète pour mes enfants. »

  • « Je repense à mes modes de consommation au quotidien. »

  • « J'ai la haine pour l'égoïsme de l'homme. »

     

Certains étudiants trouvent une motivation positive dans cette inquiétude :

  • « Cette inquiétude me donne envie de travailler dans un domaine lié à l'environnement. »

  • « Cela me pousse à étudier la climatologie. »

  • « Cette anxiété influence mes cours, il faut plus de sensibilisation. »

  • « Mon choix d'études a été influencé par cette inquiétude, je fais de la géographie de l'environnement. »

  • « J'étudie l'environnement pour réduire mes troubles dépressifs. »

  • « Je veux me spécialiser dans la gestion des risques. »

 

Cette étude sur l'éco-anxiété chez les étudiants permet de mieux comprendre leur perception du changement climatique. Elle met aussi en avant leurs propositions pour de nouvelles actions et comportements écologiques, comme la nécessité d'une formation universitaire sur la transition écologique pour sensibiliser, éduquer, prévenir et soutenir les personnes éco-anxieuses.

  • 1 Institut de géographie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Département de géographie de l’université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis, Département de géographie de l’université Paris Nanterre, Département d’économie de l’université Paris Cité.
  • 2Cette étude a été réalisée sous la supervision de Vincent Godard, professeur à l’université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis et membre du Ladyss.

Chiffres-clés

  • 93 % des étudiants de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne se disent inquiets.

  • 79 % des étudiants de l’université Paris Cité partagent cette inquiétude.

  • 73,8 % des étudiants de l’université Paris Nanterre sont également concernés.

  • 63,26 % des étudiants de l’université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis ressentent cette anxiété.

Contact

Noura Yefsah
Docteur en psychologie, chercheuse au Laboratoire dynamiques sociales et recomposition des espaces