Appel à intentions d'articles : " Mises en format contemporaines de la politique " - Revue Réseaux

 Depuis une vingtaine d'années, les informations relatives à la vie de la cité circulent dans un espace complexifié, sous le double coup de la multiplication des médias traditionnels – notablement les chaînes d'information en continu –, et du déploiement de nouveaux moyens de diffusion et d'échange – en premier lieu les réseaux sociaux numériques. En même temps que cet espace s'est développé et hybridé, les formats, modes d'adresse et modalités d'interaction ont évolué, s'accompagnant de la polarisation idéologique de certaines entités médiatiques et environnements numériques, possiblement redoublée par une fragmentation des publics. Ces tendances à l'éclatement social et démocratique sont certes contrebalancées par des médias généralistes encore largement fédérateurs et des conversations autour de l'actualité – en face-à-face comme en ligne – susceptibles de produire du commun. Elles n'en restent pas moins facilitées par un contexte d'ascension de personnalités et formations politiques polarisées et, inversement, par une réduction de l'autonomie journalistique et de ses visées d'intérêt public face à une concentration des médias aux mains de propriétaires soucieux de peser dans le débat public, ainsi que face aux logiques de marchandisation sophistiquée des grandes plateformes numériques.

Au total, l'écosystème informationnel contemporain offre des prises démocratiquement controversées à ce qui est habituellement qualifié de "médiatisation" de la politique. Ce numéro de Réseaux vise à revenir sur ces mises en format de la politique, concrètement et dans le détail, à travers un ensemble de questions de recherche et de terrains qui pourraient être les suivants, même s'ils sont énoncés à titre indicatif et sans exclusivité.

•  Le jeu des relations entre journalistes et communicants, mais aussi la part prise par d'autres acteurs, humains et non humains – "influenceurs", programmes algorithmiques, outils d'IA générative – qui contribuent à donner à voir, mais aussi à faire, de la politique, qu'il s'agisse de cadrer les enjeux et forces politiques en présence, de produire, sélectionner et recommander des contenus, ou de structurer les potentialités expressives des acteurs politiques comme des citoyens.
• Des analyses des formes culturelles, plus ajustées aux supports numériques et à leurs potentialités virales, qui enrichissent les mises en scène antérieures du politique : séries dédiées à la politique de tous formats, vidéos humoristiques ou documentaires, infographies et autres memes ... qui constituent des formes d'expression collectives susceptibles de devenir des références politiques partagées, voire de compléter l'éducation civique sous des formes inédites.
• La circulation et la réception de ces contenus, quoique toujours différenciées selon les positions sociales des publics, qui incitent à réinterroger le rôle des émotions en matière d'intérêt et de mobilisation politiques ou encore la place de la personnalité des acteurs politiques dans la présentation et la légitimation de soi.
• Les conditions structurelles qui travaillent les écosystèmes informationnels, notamment l'assujettissement des médias aux métriques des géants du numérique, traduction informatique de la vision du social ou de la liberté d'expression de leurs dirigeants – voire de leur agenda "civilisationnel" –, et la porosité des activités journalistiques aux logiques de choix éditoriaux qui en découlent (social media listening, clickbait...).
• Les chevauchements ou écarts entre cercles de sociabilité en ligne et hors ligne aptes à favoriser des prises de position affirmées car sans conséquence ou au contraire à les atténuer voire à les inhiber, qui contribuent également à modeler les mises en forme de la politique et de sa mise en débat.
• Les effets de ces transformations sur le travail politique de formulation de discours et plus largement de communication politique, notamment en termes de savoir-faire et de profil des personnels mobilisés, ainsi que d'interactions avec les intermédiaires humains et non-humains qui prennent en charge la médiation et la médiatisation politiques.
   

Toutes les contributions étayant empiriquement ce type de phénomènes seront examinées avec grand intérêt en vue de ce dossier. Ces propositions peuvent toucher à un pan particulier de l'écosystème informationnel et s'articuler à une évolution particulière de la vie démocratique. Elles peuvent porter sur les acteurs de la médiatisation contemporaine de la politique, sur ses modalités formelles ou sur les citoyens qui s'en saisissent.

Calendrier prévisionnel

Nous vous demandons d’adresser au secrétariat de rédaction (aurelie.bur@enpc.fr) pour le 2 janvier 2025, des intentions (2 pages présentant objet, question de recherche, inscription dans la littérature, méthodologie et résultats).

La soumission de la première version des articles retenus (65 000 signes, notes et espaces compris) est attendue début mai 2025, la publication du dossier est prévue début 2026.

Vous trouverez plus d’informations, notamment les consignes aux auteurs sur le site de la revue : https://www.revue-reseaux.fr/wp-content/uploads/sites/34/2019/10/Reseaux-consignes-aux-auteurs-VF-BAP-01-2023.pdf