Le film « Les eaux de la discorde » primé au festival Pastoralisme et grands espaces
Réalisé par Christine Raimond, directrice de recherche CNRS au Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique (PRODIG, UMR8586, CNRS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Université Paris Cité / AgroParisTech / IRD) et Mouazamou Ahmadou, enseignant-chercheur et directeur du laboratoire d'anthropologie visuelle à l'université Maroua au Cameroun, le film « Les eaux de la discorde » a reçu le prix « Mention Spéciale » du jury lors du festival du film Pastoralisme et grands espaces. Ce dernier s’est tenu du 10 au 13 octobre à Grenoble à l’occasion de sa dix-neuvième édition.
Au mois de juillet et après 8 mois sans pluie, l’arrivée précoce des eaux de la rivière du Batha dans le lac Fitri au Tchad est annonciatrice d’abondance. C’est aussi un moment clé du calendrier, avant l’arrivée de la crue, où tous les riverains quittent le lac pour les terroirs agricoles et pastoraux de saison des pluies. En quelques jours, les éleveurs plient les campements et conduisent les troupeaux le long des couloirs de transhumance tracés au milieu de la mosaïque des champs. Malgré une tendance à l’augmentation des pluies qui se confirme dans le Sahel central, des conflits meurtriers opposent agriculteurs et éleveurs et aboutissent à des affrontements intercommunautaires de plus en plus violents. Les visites fréquentes d’une équipe de recherche franco-tchadienne ont établi une relation de confiance auprès d’un grand nombre d’acteurs, qui livrent une diversité de regards sur une situation de plus en plus conflictuelle.
Au-delà de la qualité du film tourné au lac Fitri, au centre du Tchad, c’est la dimension politique qui a été appréciée et la façon que les réalisateurs ont eue d'inviter tous les acteurs impliqués dans la gestion territoriale et les conflits intercommunautaires de cette région sahélienne.
Le film a également obtenu le prix du meilleur documentaire court métrage du Festival Cicao (Camp International des Cinémas Africains à Ouidah, Bénin, août 2024).
Il a été projeté à l’Institut Français du Tchad en ouverture de la conférence « Agriculture, pastoralisme et Aires protégées : Tensions et solutions pour l’avenir des territoires ruraux en Afrique centrale et au Sahel » organisée à N’Djamena les 2 et 3 octobre 2024.
Il sera disponible en ligne très prochainement, en versions sous-titrées français, arabe et anglais.
À propos des réalisateurs
Christine Raimond est chercheuse au CNRS, géographe, membre du Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique (PRODIG). Elle mène des recherches sur les relations entre les sociétés et le vivant dans le bassin du lac Tchad et s’est intéressée notamment à la conservation de la biodiversité et la gestion de l’agrobiodiversité dans différentes situations et sociétés agraires au Tchad, au Cameroun et au Niger.
Mouazamou Ahmadou est enseignant-chercheur à l’université de Garoua au Cameroun. Spécialiste des sociétés pastorales, il a créé le laboratoire d’anthropologie visuelle à Maroua dont plusieurs films ont reçu des distinctions internationales. Chef du département anthropologie de l’université de Garoua, il poursuit la mise en place d’un réseau régional pour la formation et la création de films.
Ils interviennent tous deux dans le Laboratoire mixte international Viabeleaux (Viabilité des socio-écosystèmes au Sahel au défis des changements globaux) qui associe l’IRD et les Universités du Tchad.
À propos du festival
Le festival Pastoralismes et Grands Espaces est organisé par la Fédération des alpages de l’Isère en partenariat avec O.T.T.E.u.R. Ce festival propose de mettre en lumière les activités pastorales et, tout particulièrement, l’engagement des éleveurs et bergers qui les font vivre, à travers une sélection de films, des expositions et différentes animations et rencontres. Les films en compétition doivent évoquer et faire vivre le thème central du pastoralisme, au travers de quatre accroches essentielles : la terre, la vie des hommes et des femmes qui sont impliqués dans les activités pastorales (éleveurs, pasteurs, bergers et leurs familles), leurs troupeaux, les grands espaces des cinq continents. Les films présentés peuvent être des documentaires, des fictions ou des films d’animation ; en courts ou longs-métrages. Un jury pluriel et interdisciplinaire (culture, agricole, art, journalisme, territoire…) est présent en salle pendant les projections. Au palmarès du festival figurent : le Grand prix du jury, le prix Coup de cœur, le prix Mention Spéciale, le Prix du public et le Prix jeune. Le festival existe depuis 1994. La 19e édition s’est tenue à Grenoble du 10 au 13 octobre 2024.