Annales de géographie
Cultures sportives et géographie, n°680 4/2011
Créé en 1891 par Paul Vidal de La Blache, les Annales de géographie accueillent, depuis plus d’un siècle, les travaux des plus grands géographes français et étrangers et témoignent des évolutions et des découvertes de la géographie. Les relations entre les sociétés et leur territoire, les réflexions fondamentales et les analyses de pointe en géographie physique et en géographie humaine, les résultats de la recherche contemporaine et l’ouverture à tous les courants scientifiques font des Annales une revue généraliste de référence.
Comme le tourisme il y a quarante ans, le sport s’impose comme un objet d’étude géographique permettant d’analyser les spatialités contemporaines et les effets de la mondialisation. Les sciences sociales et la géographie française en particulier accordent une vraie place à ces recherches en affirmant qu’elles sont un moyen d’éclairer l’organisation et le fonctionnement des sociétés. Les articles retenus dans ce numéro spécial des Annales de géographie apportent une contribution soulignant le renouvellement de ces études.
Ainsi le premier texte concerne la nécessaire définition du sport et propose de distinguer à l’intérieur des « cultures sportives » les pratiques de compétition et les pratiques ludo-sportives. La géographie, science de l’espace des sociétés, permet d’appréhender ces cultures sportives en utilisant les méthodes renouvelées de la discipline, notamment celles relevant de l’observation, de la cognition et de l’action.
Puis Loïc Ravenel souligne que le géomarketing du sport ne doit pas se limiter à l’étude du marché, ni à la cartographie des clients ou des zones de chalandise. Il présente un modèle d’analyse des services sportifs, services pour lesquels les choix des pratiquants ou consommateurs sont devenus prépondérants, intégrant l’ensemble des dimensions géographiques.
L’article de Fabrice Escaffre s’attache à analyser les relations que les sportifs urbains, skaters, rollers, joggeurs, entretiennent avec leurs lieux de pratique, entre eux ainsi qu’avec les autres usagers de la ville. Entre impression de convivialité et conflits, que nous apprennent ces usages ludo-sportifs de la ville et des relations sociales en ville ? La thèse développée est celle d’une urbanité sportive, porteuse de formes de réinvestissement des espaces publics urbains.
Pascal Gillon propose, quant à lui, une lecture géopolitique de l’olympisme en analysant le rôle des acteurs qui utilisent le sport à des fins de relations internationales. Le Comité international olympique tente de devenir un acteur des relations internationales, en construisant sa propre géographie grâce à son droit de reconnaissance. Les États distillent des messages vis-à-vis de leur population et de la communauté internationale au travers d’une « diplomatie sportive ».
Enfin, le dernier article questionne le statut des espaces investis par les sports de nature. Les pratiques et lieux des sports de nature constituent de précieux médiateurs et indicateurs des relations qui se font jour entre les sociétés urbaines et diverses formes ou traces de nature. Pas de deux ou valse-hésitation, la dynamique qui s’y épanouit entre ici et ailleurs, proche et lointain, distinction et intégration, est au cœur des mutations du fait récréatif contemporain.