Cahiers d'études africaines 198-199-200
Les Cahiers d’études africaines ont 50 ans, 2010
Les Cahiers d’Études africaines ont été créés en 1960 par Georges Balandier. Cette revue de référence fête cette année ses 50 ans et son histoire témoigne de l’évolution de l'africanisme et nous éclaire sur les enjeux qu’il pose hier comme aujourd’hui.
Les années 60 furent un âge d’or de l’africanisme. L’émancipation du Tiers-Monde et l’accession des pays africains à l’indépendance ont soulevé un immense espoir de libération partout dans le monde. Dans ce contexte, les Cahiers offraient une articulation entre engagement politique et pratique scientifique en s’appuyant sur l’anthropologie et l’histoire.
Les années 1970-1980 marquent l’apparition de nouveaux thèmes dans le champ des études africanistes, avec dans les Cahiers l’arrivée de sujets comme les femmes, l’écologie, la santé, l’état contemporain.
Les années 90 accentuent ce mouvement vers de nouvelles thématiques comme la mémoire, la violence, les littératures. Mais la grande nouveauté de ces années reste l'ouverture des Cahiers au Maghreb et aux "diasporas noires des Amériques".
Cet effort de renouvellement et d'ouverture se poursuit au cours des années 2000 avec des numéros sur les langues, le postcolonialisme, l’esclavage, le tourisme en même temps qu’une reprise des thèmes classiques de l’anthropologie comme la parentalité ou la sorcellerie appréhendés cette fois sous l’angle contemporain.
Ce triple numéro anniversaire, dirigé par Jean-Loup Amselle, invite aussi à questionner aujourd’hui notre rapport à l’Afrique : "Cinquante ans après les indépendances africaines que sont nos amours africaines devenues ?"
Quel est l’avenir de l’africanisme alors que celui-ci est désormais contesté par les postcoloniaux en tant que spécialité pratiquée par des "blancs" sur une réalité africaine "noire" ?
Le découpage en aires culturelles, qui porte la marque de la période d'après-guerre, est-il encore d'actualité à l'heure de la globalisation ? Ne convient-il pas de concevoir l’Afrique comme un miroir ou un analyseur de la modernité, au sens le plus global de ce terme ?