Des papyrus anciens dévoilent leurs secrets grâce à l’imagerie hyperspectrale
Dans le cadre du projet IPERION CH, programme européen pour l’étude des biens culturels dédié à l’analyse sur site d’objets du patrimoine, une équipe de scientifiques du Centre de recherche sur la conservation1 , de l’Université de Würzburg (Allemagne), du Conseil national de la recherche (Italie), de l’Académie des sciences de Russie et de l’Université La Sapienza (Italie) a pu étudier, grâce à l’imagerie hyperspectrale, des portions de textes grecs anciens cachés au verso de papyrus calcinés d’Herculanum. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans la revue Science Advances.
- 1CRC, USR 3224, CNRS / MNHN / Ministère de la culture
C’est lors du délicat déroulement mécanique de ces papyrus à la fin du XVIIIe siècle, à l’aide de la machine de Piaggio, que des écritures au verso ont été découvertes pour la première fois. Après avoir été transcrits manuellement, tous les fragments de papyrus ont été collés sur un support cartonné rendant ainsi inaccessibles les textes écrits aux dos. Aujourd’hui, le défi est double : relire les textes cachés au verso sans décoller les très fragiles papyrus de leur support et augmenter de façon significative la lisibilité du texte au recto.
L’utilisation de techniques avancées en imagerie est un des seuls moyens pour les papyrologistes de retrouver ces précieux textes philosophiques — par exemple, l’Histoire de l’Académie de Philodème — qui sont d’une grande valeur pour l’histoire de la philosophie et des grands philosophes gréco-égyptiens.
C’est au sein même de l’Officina dei Papiri Ercolanesi de la Bibliothèque nationale Vittorio Emanuele III de Naples que les chercheurs ont étudié les papyrus carbonisés, à l'aide de l'imagerie hyperspectrale. Après un traitement spécifique des données, de nouvelles portions de textes au verso ont pu être découvertes et la lisibilité globale du recto des papyrus a été grandement améliorée. Les chercheurs ont ainsi clairement pu identifier le mot « esclave », qui avait été précédemment lu comme « ensorcelé » ou « charmé ».
Très prometteurs, ces premiers résultats ouvrent une nouvelle voie pour étendre les recherches sur des centaines d’autres papyrus.
Référence
Tournié A., Fleischer K., Bukreeva I., Palermo F., Perino M., Cedola A., Andraud C., Ranocchia G. 2019, Ancient Greek text concealed on the back of unrolled papyrus revealed through shortwave-infrared hyperspectral imaging, Science Advances Vol. 5, no. 10.