Gestion de la crise sanitaire par les politiques publiques : ce que nous disent les préférences des Français
Confinement total, restrictions de déplacement, fermeture des frontières, des bars, des restaurants, des salles de spectacles… Comment ces restrictions sont-elles acceptées par la population ? Comment les gens classent-ils entre elles les différentes mesures de lutte contre la propagation du virus ? Des chercheurs en économie comportementale parviennent à quantifier le degré de résistance ou d’acceptabilité d’une population face aux diverses stratégies de lutte contre l’épidémie de Covid-19. Les résultats de leur analyse viennent de donner lieu à la publication d’un article dans la revue scientifique internationale The Lancet Public Health.
Financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR/Flash Covid 19), une enquête menée en mai 2020 auprès d’un échantillon représentatif de la population française par des chercheurs d’Aix-Marseille Sciences Économiques (AMSE, UMR7316, CNRS / AMU), du Centre d'Économie de l'Environnement (CEE-M, FRE2010, CNRS / Université de Montpellier / Inrae) et du Bureau d'Économie Théorique et Appliquée (BETA, UMR7522, CNRS / Université de Lorraine / Université de Strasbourg / Inrae) révèle que si que le port du masque, les restrictions dans les transports en commun et le suivi numérique ont été jugés acceptables, la fermeture des bars et restaurants ne l’est, quant à elle, pas du tout !
L’enquête utilise une méthode de révélation des préférences, le Discrete Choice Experiment, permettant d’évaluer les préférences de la population par rapport aux différentes stratégies politiques de lutte contre l'épidémie de Covid-19. Une analyse de classement des préférences a été menée non seulement pour la population dans son ensemble, mais également par catégorie : vulnérabilité clinique, tranches d'âge, sexe, etc.
L’étude dresse le portrait d'une population française qui perçoit positivement certaines des mesures prophylactiques, vues comme un « mal nécessaire » contrebalançant le risque de confinement total (une perspective qui, elle, est vue négativement par la plupart des gens).
Les jeunes constituent le segment le plus dissonant de la population. Leurs préférences sur les mesures « anti-Covid » et leur demande de compensation monétaire (pour les efforts demandés) diffèrent fortement de celles des autres classes d’âge.
Savoir comment les gens classent les différentes mesures prophylactiques Covid-19 est une condition préalable à la conception d'ensembles de programmes de politiques publiques appropriés à la lutte contre les épidémies.
Référence
Blayac T., Dubois D., Duchêne S., Nguyen-Van P., Ventelou B., Willinger M. 2020, Population preferences for inclusive COVID-19 policy responses, The Lancet Public Health.
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