Journal of Interdisciplinary Methodologies and Issues in Science
Créée en 2016, JIMIS est une jeune revue scientifique internationale à comité de lecture, en langues française et anglaise : Journal of Interdisciplinary Methodologies and Issues in Science.
JIMIS aborde de façon originale des thématiques et des problématiques scientifiques transversales. En effet, la plupart des revues sont adossées à une discipline ou à un domaine particulier. Elles sont parfois ouvertes à des numéros interdisciplinaires, mais touchent en général certaines communautés de chercheurs et de chercheuses dans un périmètre thématique donné. Seules les grandes revues généralistes (Nature, Science) et leurs déclinaisons montrent une ouverture interdisciplinaire, sans toutefois poser l’interdisciplinarité comme contrainte de publication. JIMIS est née d’un besoin de chercheurs et de chercheuses travaillant sur des interfaces et des objets partagés d’exprimer la variété des points de vue scientifiques sur une question transversale. Or, les opportunités et les canaux de diffusion pour ce type de publication se font rares et les recherches fondamentalement interdisciplinaires se heurtent à des difficultés importantes pour valoriser leurs résultats au meilleur niveau. D’où l’impérieuse nécessité de promouvoir des modes de publication adaptés à ces productions scientifiques originales, qui constituent souvent des avancées fondamentales dans la connaissance.
Le processus de publication est relativement simple et éprouvé : un ou plusieurs coordinateurs scientifiques invités (« éditeurs ») proposent, organisent et suivent le processus de publication d’un numéro dit « thématique », en constituant un comité interdisciplinaire de lecture dédié au thème traité, accompagnés par un des membres du comité de rédaction de la revue. Chaque article est évalué par deux, voire trois, relecteurs anonymes. La revue suit les préconisations d’Episciences du CNRS qui permettent de favoriser les flux de publications constituant les archives libres (HAL, arXiv) vers des revues également en libre accès. Tout d’abord, les articles sont déposés en version 1 dans une de ces archives. Les auteurs ne sont pas anonymes, ce qui, dans certains cas, peut poser problème. En fonction des éditeurs, deux méthodes sont alors possibles. Dans le cas d’un processus en double aveugle, les éditeurs utilisent un autre support de suivi et d’évaluation des articles (Easychair, par exemple). L’article est in fine déposé dans sa version finalisée sur HAL, puis sur le site de JIMIS. Si les éditeurs invités prônent une approche en simple aveugle (seuls les relecteurs sont anonymes), alors l’outil d’évaluation d’Episciences en ligne peut être utilisé.
Tous les numéros de JIMIS ont un libellé (la question transversale abordée) et doivent être composés d’un ensemble d’articles provenant de plusieurs disciplines. Chaque numéro complet comprend en théorie au moins cinq articles dont, si possible, au minimum deux articles issus de sciences humaines et sociales (SHS) et deux de sciences exactes ou expérimentales. Il n’est pas nécessaire que chaque article soit cosigné par des scientifiques de disciplines différentes, bien que dans l’esprit de JIMIS, cela puisse évidemment contribuer encore un peu plus à l’interdisciplinarité. Pour éditer un numéro de JIMIS, quel que soit le thème abordé, il est donc nécessaire de trouver une question interdisciplinaire, thématique ou méthodologique préalable. Les auteurs développent alors dans leur article les approches et les méthodes qu’ils utilisent pour y répondre ou encore les fondements épistémologiques propres à leur discipline. Les discussions critiques, la prise de distance à l’objet de recherche, voire les controverses, peuvent constituer un élément important de la teneur des articles publiés dans JIMIS.
En ayant adopté le principe de l’épirevue, JIMIS s’inscrit dans le modèle actuel d’accès le plus ouvert possible, gratuit pour les auteurs, gratuit pour les lecteurs (modèle Diamant). Actuellement, le paysage de la publication scientifique est occupé par deux grands canaux de valorisation des recherches. D’une part, les revues « standard » qui continuent à vendre leurs ouvrages ou leurs articles, en format papier ou numérique. Dans ce cas, le coût est supporté par les acheteurs et donc les lecteurs. Ce système fonctionne depuis longtemps et a fait ses preuves, mais le monopole de grands éditeurs qui regroupent un nombre important de revues amène parfois à des coûts prohibitifs. Plus récemment se sont développées des revues dites « en libre accès ». Dans ce cas, le coût de suivi des articles est supporté par les auteurs. Les prix varient selon les revues et il existe un risque non négligeable de marchandisation des articles en amont du processus d’évaluation, qui peut potentiellement impacter la probité du processus et la qualité des productions. Le choix de JIMIS — et de beaucoup d’autres revues (notamment françaises) — a donc été de proposer un support en double gratuité.
Ce double accès fluidifie et accélère la circulation des connaissances scientifiques, indiqué par le niveau moyen relativement élevé de visites des pages du site et de téléchargements des articles. La longueur des articles (soumis toutefois à une charte graphique spécifique) et la temporalité de production des numéros thématiques restent souples, du fait d’une production uniquement numérique et du souhait de la direction éditoriale de ne pas imposer de délais particuliers, ni de régularité dans l’édition des numéros. Ainsi, si la rédaction et les éditeurs considèrent un thème comme intéressant dans la durée, l’appel à articles peut rester ouvert, permettant de voir l’évolution des connaissances sur la question. Dans le cas d’une sélection d’articles consécutive à une conférence, l’ouverture des soumissions et des publications est limitée. Pour les sujets moins ciblés, elle peut s’allonger. Dans ce modèle de publication scientifique, le coût de fonctionnement est supporté par les promoteurs de la revue. Dans le cas de JIMIS, il s’agit essentiellement du CNRS, via, d’une part, Episciences et, d’autre part, l’investissement de deux membres du laboratoire Études des structures, des processus d’adaptation et des changements de l'espace (ESPACE) : un chercheur et une spécialiste en édition scientifique. De ce point de vue, le rôle complémentaire des éditeurs invités dans la vie de la revue est essentiel, car ceux-ci se chargent d’une partie qualitative de l’évaluation des articles soumis.
JIMIS a publié neuf volumes depuis sa création (deux autres sont en préparation), comportant au total quarante-six articles. On y parle d’asymétrie, de système complexe, de théorie des graphes, de temps, de santé, d’agriculture numérique ou d’observatoires scientifiques homme-milieu. Cela donne une idée de la variété des thèmes abordées par des disciplines tout aussi variées : géographie, physique, informatique, art, agronomie, sociologie, neurosciences… Par exemple, le numéro sur les nouveaux enjeux des observatoires scientifiques milieux / sociétés permet de présenter différentes dimensions méthodologiques de ces observatoires, avec des exemples en France, au Canada et des applications originales : observatoire des médecines complémentaires non conventionnelles, observatoire homme-environnement d’un LabEx du CNRS. Tous les articles sont publiés avec DOI sous la licence Creative Commons la plus ouverte possible et téléchargeables directement sur le site de la revue.
JIMIS va continuer à défendre une certaine idée de l’interdisciplinarité et de la science ouverte. Après une première phase de mise en place et de montée en visibilité, la revue vise à obtenir des référencements reconnus internationalement (type DOAJ : Directory of Open Access Journal) et à monter en production. Nous tenons déjà à remercier l’excellent support d’Episcience, ainsi que les éditeurs et les auteurs qui ont fait confiance à JIMIS pour valoriser leurs travaux, et espérons que cet article va susciter des vocations d’éditions de nouveaux numéros thématiques.
Rédacteur en chef : Didier Josselin, directeur du laboratoire Études des structures, des processus d'adaptation et des changements de l'espace (ESPACE, UMR7300, CNRS / AMU / Avignon Université / Université Côte d’Azur)