© Anne-Charlotte Martineau, 2023

Jean-Louis HalpérinSociologie et sciences du droit

Médaille d’argent du CNRS

Professeur de droit à l’École normale supérieure-PSL, Jean-Louis Halpérin est un spécialiste de l’histoire du droit, notamment de l’époque contemporaine. Dans ses travaux, il compare et met en perspective les évolutions du droit non seulement français mais aussi japonais, indien ou allemand.

Passionné par l’histoire, sa matière de spécialité au concours d’entrée à l’ENS, Jean-Louis Halpérin s'est intéressé au droit dans l’idée d’avoir une connaissance des phénomènes sociaux contemporains. « La "petite" discipline de l’histoire du droit a été celle de mon choix de thèse, et de ma carrière universitaire », confie-t-il. C’est cette thèse, menée sur le Tribunal de cassation sous la Révolution française, qui l’amène à travailler sur des archives jusque-là inexploitées. Et à promouvoir une thèse contre-intuitive sur le poids ancien et déterminant de la jurisprudence dans un pays réputé pour sa législation codifiée. « Le contact avec les travaux de collègues étrangers — allemands, italiens et japonais — a accentué cette propension à sortir des schémas classiques et nationalistes », ajoute-t-il. 

Jean-Louis Halpérin a ensuite enseigné comme assistant à l’université Paris II de 1983 à 1988. Après son agrégation, obtenue à 27 ans, il devient professeur aux universités de Lyon III jusqu’en 1998, et de Bourgogne, de 1998 à 2003. L’année suivante, il enseigne à l’ENS-PSL et rejoint le Centre de théorie et analyse du droit (CNRS / Université Paris-Nanterre / ENS). S’appuyant sur une approche fondée sur les théories positivistes du droit et sur le rôle donné au comparatisme, ses recherches portent principalement sur l’histoire des droits, en France, en Europe et dans le monde depuis le XVIIIe siècle. « Je m’efforce de travailler sur des thèmes jusque-là négligés ou sur des essais de synthèse en lien avec les problématiques actuelles des sciences sociales ».

Son dernier livre, Une histoire des droits dans le monde (CNRS éditions, 2023), pose la question de la possibilité d’une forme « globale » d’histoire des systèmes juridiques. Il souhaite désormais la confronter avec les perspectives d’autres chercheurs en matière de micro-histoire globale, d’histoire des idées et de redéfinition des catégories de la comparaison juridique. « Dans une discipline érudite, mais ayant souffert de l’isolement relatif de l’enseignement du droit dans les universités françaises, l’évolution très encourageante de ces dernières décennies est celle d’une ouverture au comparatisme et aux problématiques pluridisciplinaires ».