La pin-up à l'atelier

Ethnographie d'un rapport de genre
Anthropologie
Auteur(s)
Anne Monjaret
Publication
juillet 2020
Appartenance
Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC)
Éditeur
Creaphis

Les images de pin-up (littéralement punaisées en haut) dans les ateliers font l'objet d'une approche anthropologique par Anne Monjaret. Après avoir longuement parcouru l'environnement de travail masculin, elle évoque sa difficile posture de chercheuse, elle analyse la signification de telles représentations des femmes et questionne la division sexuelle des lieux de travail.

Nous avons tous vu, à un moment ou à un autre, dans des ateliers de garagistes, des cabines de routiers ou autres lieux de travail masculins, ces posters donnant à voir des femmes dévêtues et dans des positions suggestives.

Ces images de pin-up (littéralement " punaisées en haut ") font ici l'objet d'une approche anthropologique. L'ethnologue Anne Monjaret a longuement parcouru l'environnement de travail masculin : sa recherche a commencé dans les années 1990 dans les services techniques de trois grands hôpitaux parisiens et s'est poursuivie dans d'autres milieux de production ou d'entretien. Plusieurs années plus tard, elle revient sur les conditions de cette enquête et elle évoque la difficile posture d'une chercheuse s'introduisant dans un monde exclusivement masculin. Elle analyse la signification et la portée de telles représentations des femmes. Elle élargit sa réflexion à un questionnement sur la division sexuelle des lieux de travail, leur gestion et les relations entre les femmes et les hommes dans ces espaces.

Mais au cours de son investigation, elle constate aussi que ces pratiques se modifient et qu'aujourd'hui les affichages de nus féminins tendent à disparaître des lieux de travail masculins. Si l'usage des calendriers perdure, ils ne sont plus seulement illustrés par des images de femmes dévêtues : ils peuvent aussi montrer des hommes musclés et en partie dénudés et ne sont plus seulement affichés dans l'univers clos des ateliers mais aussi dans des espaces plus ouverts.

Cet essai original interroge aussi les manières de pratiquer la discipline. L'ethnologue, en questionnant le regard que les hommes portent sur les femmes, contribue à la réflexion sur le changement des relations entre les sexes, la reconstruction des représentations des rôles sociaux et les codes traditionnels qui régissent les rapports de genre. Par ailleurs, cette écriture, argumentée avec les outils de la discipline et quelques documents (une dizaine de photographies), ne manque pas de qualités littéraires.

À propos de l'auteur

Anne Monjaret est ethnologue, directrice de recherche au CNRS (laboratoire IIAC), enseignante à l’EHESS et à l’université Paris 13, présidente de la Société d’ethnologie française (SEF), directrice de publication de Ethnologie française depuis 2012.

Elle s’intéresse aux lieux du travail (entreprises, institutions, hôpitaux, musées). Considérant les bureaux et les ateliers comme des espaces habités, elle analyse les articulations entre les sphères privées et professionnelles, le travail et le hors-travail.
Elle mène des recherches sur les figures féminines, les mondes de la mode ainsi que sur Paris et plus spécifiquement Montmartre. Elle étudie les fêtes (comme la Saint- Catherine), l’alimentation, les vêtements, les appropriations des espaces, le végétal, le téléphone au travail... objets à travers lesquels elle cherche à saisir comment se régulent les liens sociaux et se formalisent les mémoires.