Ambiances

Revue internationale sur l’environnement sensible, l’architecture et l’espace urbain

Issue du Réseau International Ambiances, la revue Ambiances propose de valoriser les travaux ayant trait aux domaines de l’environnement sensible, de l’architecture et de l’espace urbain. L’objectif est de mettre à l’épreuve du sensible nos manières d’habiter et de concevoir le monde contemporain. En introduisant le sensorium humain au cœur du questionnement sur les espaces architecturaux et urbains, il s’agit d’éclairer sous un jour nouveau les modes de conception et de fabrication de l’environnement construit, de donner toute sa place à l’expérience habitante et aux situations ordinaires de la vie urbaine, de prendre la mesure des mutations écologiques, sociales et esthétiques des villes. 

L’ouverture de la Revue Ambiances marque une étape importante dans la reconnaissance du monde sensible comme domaine de recherche pluridisciplinaire, comme enjeu actuel de conception architecturale et urbaine et comme terrain d’expérimentation et de création artistique. L’objectif est de taille et les travaux s’intéressant à l’environnement sensoriel des espaces habités ne manquent pas.
Ouvert à toute proposition œuvrant à la fabrique sensible du monde contemporain, le domaine des ambiances architecturales et urbaines est traversé par de nombreuses démarches et de multiples apports qui en font sa richesse. La revue propose d’en être l’expression, se nourrissant de travaux à la recherche de circulations nouvelles entre le conçu et le vécu, le mesuré et le qualifié, le projeté et l’éprouvé, le matériel et l’immatériel.

Articles scientifiques, notes de lecture, textes fondamentaux peu connus ou peu diffusés, éventuellement traduits en français ou en anglais, ou autres productions écrites, sonores ou vidéographiques en lien avec les thèmes de la revue, les contributions sont riches et multiples. Rédigées en français ou en anglais elles sont publiées en ligne et accessibles librement sur le site de la revue. Les cinq rubriques thématiques sont Perception - In situ - Ecologie sociale, Enjeux - Arguments – Positions, Environnement - Modélisation – Caractérisation, Représentation - Traduction – Ecriture, Expérimentation - Conception – Participation. A cela s’ajoute la partie intitulé Echappées qui regroupe les « Redécouvertes », les comptes-rendus et les éditos.

Innovante dans ses thématiques et dans son contenu la revue Ambiances est également originale dans son fonctionnement. Les articles soumis à la revue sont publiés au fil de l’eau, c’est-à-dire à flux continu au fur et à mesure des évaluations et du travail éditorial, ce qui permet une grande souplesse et une rapidité de publication. Des appels à contribution permettent de proposer des dossiers thématiques, comme des numéros indépendants.

« Le silence de la vulnérabilité en institution gériatrique » de Martine Leroux est le dernier article de la rubrique Perception – In situ – Ecologie sociale, publié en avril 2016. Il s’intéresse au vécu de la vulnérabilité chez les personnes âgées en institution gériatrique. Les expressions « rester sans voix » et « faire silence » rendent compte, du point de vue phénoménologique, de l’épreuve que constitue la découverte de soi comme être vulnérable, parce que vieux, et de l’installation du sentiment de vulnérabilité. Le recours à la notion d’ambiance permet d’envisager la tonalité des « présences » – traduction du terme Dasein que préconise Binswanger – et d’interroger les facteurs d’ambiance dans les trois dimensions qui se conjuguent dans le silence vécu : spatialité, temporalité et altérité. Ces facteurs propres à l’institution sont-ils susceptibles de « mettre au silence » les résidents.

La rubrique Redécouvertes met en lumière le texte d’Hermann Schmitz « Atmospheric Spaces », grâce à une traduction de l’allemand vers l’anglais de Margret Vince, complété par une présentation de Rainer Kazig. Hermann Schmitz peut être considéré comme l’un des pères fondateurs de la recherche sur le concept d'ambiances pour le monde germanophone. Cet article développe le concept d'ambiance, qui fait partie d'une phénoménologie du corps vécu et se fonde sur une critique de la séparation du monde, déjà effectué dans l’antiquité, entre un monde intérieur privé comme lieu d’expériences et d’émotions et un monde extérieur. À cette idée, il oppose une conception du corps vécu comme espace sans surfaces. En utilisant l'exemple de l’habiter, il montre comment les êtres humains se créent leur propre espace émotionnel en partant des ambiances disponibles à ces lieux. 

Le compte-rendu d’Ola Söderström nous fait découvrir l’ouvrage de Jean-Paul Thibaud « En quête d'ambiances : éprouver la ville en passant » publié en 2015 à Genève chez MétisPresses.  Si nous considérons, pour le seul plaisir de la typologie simpliste, qu’il y a deux sortes de chercheurs, les explorateurs qui changent souvent de territoire d’investigation et les creuseurs de sillon, Jean-Paul Thibaud est certainement à ranger du côté des seconds. Il travaille en effet la question des ambiances depuis de nombreuses années, seul, mais surtout en équipe avec ses collègues du CRESSON. Le beau livre qu’il publie aux éditions genevoises MétisPresses témoigne de ce labour répété du champ des ambiances au moyen de différents instruments de pensée et d’analyse empirique.

Le prochain dossier de la revue « Ambiance et histoire de l’architecture : l’expérience et l’imaginaire sensibles de l’environnement construit » pose la question suivante : comment peut-on rendre compte des dispositions spatiales, matérielles et sociales qui fabriquent une configuration sensible particulière, une ambiance, à un moment donné de l’histoire ? Il tentera de combler quelques-unes des brèches dans l’histoire, comme discipline, conduite aujourd’hui : celles qui touchent à la conscience environnementale des sociétés du passé sur les constructions, celles qui énoncent que l’évolution historique de l’architecture et des villes est liée à l’expérience concrète de l’environnement construit, à l’évaluation de son potentiel d’habitabilité, à sa transformation pour les besoins et la joie de l’usage. L’annonce de ce dossier est un appel à contributions qui repose sur un pari : celui de placer l’ambiance de ces espaces et de ces lieux comme une des forces méconnues de l’histoire architecturale et urbaine. 

L’appel en cours « Animer l’espace public ? Entre programmation urbaine et activation citoyenne » est dirigé par Pascale Pichon et Jean-Paul Thibaud. La thématique de ce numéro portera sur les modes d’animation de l’espace contemporain, qu’ils soient intentionnels ou non, à l’origine d’habitants, d’élus ou de citoyens, d’artistes ou de professionnels de l’urbain. Les contributeurs sont invités à discuter les différentes significations de ces pratiques d’« animation », selon les points de vue considérés, à rendre compte des processus situés, depuis les intentions des acteurs jusqu’aux conséquences de l’action.

Ambiances