archeoViz : lauréat du Prix science ouverte du logiciel libre de la recherche 2024

Distinctions Archéologie

L’application archeoViz, développée au sein du laboratoire Cités, territoires, environnement et sociétés (CITERES, UMR7324, CNRS / Université de Tours) a reçu le prix Espoir de la catégorie « Communauté ». La cérémonie s’est tenue à Marseille le 26 novembre 2024 à l’occasion des Assises nationales des données de la recherche.

Présentation d’archeoViz

L’application archeoViz permet d’explorer visuellement et statistiquement des données archéologiques spatialisées, qu’il s’agisse d’objets observés lors de fouilles ou de sites archéologiques dans un territoire.  Ces données peuvent ainsi être présentées sur le web via une mise en œuvre simple et rapide. L’objectif est d’inciter les archéologues à publier leurs données afin de les partager avec la communauté scientifique et, plus largement, avec le grand public. archeoViz constitue en outre une ressource utile pour initier les apprenants à l'analyse spatiale, à la science ouverte, etc. Développée depuis 2022, soixante-six cas d’application ont déjà été créés. Ils sont référencés sur archeoViz Portal, une application web permettant d’explorer le catalogue de ces instances spécifiques d’archeoViz. Avec une interface traduite en sept langues et des applications à des données produites dans le monde entier, archeoViz et archeoViz Portal sont d'ores et déjà employés bien au-delà de nos frontières. 

Fonctionnement d’archeoViz

La structure des données nécessaires à l’application archeoViz est réduite au minimum afin de faciliter sa mise en œuvre :  un tableau au format CSV avec au minimum six variables décrivant l’objet et sa localisation (son identifiant, ses coordonnées spatiales, le nom de sa couche et sa catégorie). Des données facultatives peuvent être ajoutées (carré de fouille, sous-type d’objet, par exemple).

Exemple de tableau comprenant des variables optionnelles : labels des carrés, intervalles de coordonnées, informations additionnelles sur l’objet

Une fois les données renseignées, l’utilisateur obtient des visualisations bi- et tridimensionnelle du nuage de points représentant – selon le cas d’application et l’échelle employée – la distribution spatiale des objets archéologiques, des sites archéologiques, ou des d’échantillons.

Exemple de vue 3D à l’échelle d’un site (La Grande Rivoire, Sassenage, Isère) obtenue avec l’application archeoviz. Chaque point représente un objet, dont la couleur indique la période chronologique de référence. Source : https://analytics.huma-num.fr/archeoviz/grande-rivoire/

L’application offre aussi la possibilité de visualiser la chronologie d’une fouille par carrés d’un site. Toutes les visualisations obtenues peuvent être exportées au format SVG (un format d’image vectoriel libre).

Exemple de vue en plan d’une application à l’échelle d’une région, ici le littoral Nord-Ouest de la Crète. Les points représentent des sites archéologiques dont la couleur indique la période chronologique de référence. Source : https://analytics.huma-num.fr/archeoviz/synecdemus-novus/

Différents usages sont possibles : strictement local, sur l’ordinateur des utilisateurs ; en ligne, sans publication du jeu de données qui sont alors stockées sur les serveurs de l’infrastructure Huma-Num ; en ligne, avec publication des données sur le dépôt au choix (NAKALA, zenodo, etc.). Dans ces deux derniers cas, il est ensuite possible de référencer et valoriser le cas d’usage sur archeoViz Portal, au profit de l’ensemble de la communauté scientifique et du grand public. 

Page d’accueil du portail archeoViz

Spécificités d’archeoViz

archeoViz s’inscrit dans la longue histoire des outils de visualisation de données archéologiques. Mais il se distingue : 

  • par son accès libre et gratuit (à l’inverse des logiciels propriétaires) ; 

  • par son architecture légère et fortement décentralisée (à l’inverse des logiciels lourds tels que les systèmes d’information géographique ou SIG) : plutôt que d’intégrer de nombreuses fonctionnalités, archeoViz est rendu interopérable avec des applications tiers, elles aussi libres. D’autres applications similaires (Seahors, PyCoCu) permettent de visualiser des données archéologiques à l’échelle d’un site archéologique, mais elles ne proposent pas l’exposition des données sur le web.  Enfin, contrairement aux plateformes web d’exposition de données archéologiques existantes (Field, ArkeoGIS, CyberSW, etc.), archeoViz intègre la 3e dimension spatiale, verticale.

Lauréat de la catégorie « Communauté »

Selon le deuxième Plan national pour la science ouverte, « la mise à disposition des codes sources des logiciels, avec la possibilité de les modifier, les réutiliser et les diffuser, est un enjeu majeur pour permettre la reproductibilité des résultats scientifiques et soutenir le partage et la création de connaissances, dans une logique de science ouverte ». C’est dans cet esprit de partage et dans une démarche de science ouverte que le logiciel archeoViz a été développé, et qu’il est aujourd’hui récompensé par le Prix science ouverte du logiciel libre de la recherche : dans la catégorie « Communauté », de par sa capacité à former et animer la communauté des archéologues ; dans la catégorie « espoir », car le jury s’attache également à distinguer des logiciels à différents niveaux de leur vie, dont ceux prometteurs débutés il y a moins de cinq ans. Ce qui est le cas d’archeoViz.

Équipe contributrice

À propos du prix

Le prix science ouverte du logiciel libre de la recherche récompense les projets et les équipes qui œuvrent au développement et à la diffusion des logiciels libres, et qui contribuent ainsi à la construction d’un bien commun de première importance pour la connaissance scientifique. Inscrit dans le deuxième Plan national pour la science ouverte et remis par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le prix comporte plusieurs catégories qui distinguent les projets selon leurs dimensions scientifique et technique, leur capacité à former et animer les communautés (catégorie pour laquelle archeoViz est nominé), et la qualité de leur documentation. Les projets bénéficiant déjà d’une notoriété se voient décerner un « prix », et ceux prometteurs un « espoir » (ce dont bénéficie archeoViz). Les prix sont attribués sur décision d’un jury d’experts. L’édition 2024 était présidé par Pierre Boulet, vice-président numérique à l’université de Lille.

Contact

Sébastien Plutniak
Chargé de recherche CNRS, laboratoire Cités, territoires, environnement et sociétés (CITERES)