Des garennes à lapins du Moyen Âge découvertes dans la forêt de Val-Suzon : une découverte archéologique inédite

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Une opération de recherches archéologiques est en cours dans la forêt communale de Val-Suzon (Réserve naturelle régionale du Val Suzon) à proximité du hameau de Sainte-Foy. Il s'agit dans l'état de nos connaissances de la première fouille en France ciblant spécifiquement des garennes (des constructions pour l’élevage des lapins au Moyen Âge).

Un repérage grâce au LIDAR

Le site à Sainte-Foy a été découvert en 2016 grâce à une prospection LiDAR réalisée quelques années
plus tôt, qui permet d'étudier la topographie du sol sous la végétation. Elle a révélé cinq mystérieux
monticules rectangulaires regroupés en bordure de forêt. Si d'autres structures avaient déjà été repérées
et identifiées de la même manière dans le Val Suzon, la morphologie de ces tertres ne renvoyait alors à
aucune structure connue. Il semblait cependant évident qu'ils n'étaient pas d'origine naturelle.


1er indice : un document du XVIe siècle

Un premier indice d'interprétation est arrivé de recherches aux Archives Départementales de la Côte d'Or,
à travers un document du XVIe siècle. Celui-ci relate un conflit entre les religieux de la Sainte-Chapelle de Dijon, alors seigneurs de Val-Suzon, et les habitants de la commune voisine d'Étaules. Dans ce texte, la présence de "garennes à lapins" est mentionnée à proximité du hameau de Sainte-Foy, sans que leur localisation précise ne soit pour autant donnée.


Qu’est-ce qu’une garenne ?

Une garenne est une construction médiévale et liée à un privilège seigneurial, destinée à l'élevage de
lapins en semi-liberté. Il s'agit de galeries artificielles creusées par l'homme qui sont ensuite recouvertes
de pierres puis de terre pour former une petite butte logeant les terriers des animaux. Ces structures sont
connues des historiens puisqu'on en retrouve dans les textes plusieurs parcs de chasse du Moyen Âge.


Une hypothèse confirmée par la prospection géophysique et l’archéologie

Afin de vérifier si les tertres découverts dans le Val Suzon correspondaient bien aux garennes évoquées dans les archives, une prospection géophysique a été réalisée dans un premier temps. Cette opération a permis de détecter différentes anomalies sous ces tertres, laissant à penser qu'il s'agissait de structures en pierre enfouies sous les monticules. Un sondage archéologique a alors été programmé sur l'un de ces tertres. Il a mis au jour un ensemble de dalles calcaires juxtaposées dessinant un réseau géométrique de galeries et de chambres souterraines.

L'existence de garennes à lapin dans le Val Suzon est ainsi confirmée. Celles-ci datent au moins du XVIe siècle mais leur création est certainement plus ancienne. Cette découverte vient alimenter les recherches archéologiques et historiques actuellement en cours sur le territoire du Val Suzon qui visent justement à comprendre les traces des activités humaines qui ont pris place dans le Val Suzon par le passé, l’evolution de leur environnement et leur incidence sur la biodiversité forestière.


Contexte de la recherche

Ce thème de recherche s’inscrit dans le programme PARI Région Bourgogne 2016 « Transition Socio- Ecologique des Territoires » à la MSH-Dijon. Il est centré depuis 2015 sur une thèse de doctorat intitulée « Éco-dynamiques d'un espace forestier et des activités humaines : la forêt du Val Suzon sur le temps long » réalisée par Rémi Landois sous la direction de Jean-Pierre Garcia, membre de l'unité ARTeHIS (UMR6298, CNRS / Université de Bourgogne / Ministère de la culture et de la communication), en co-direction avec Corinne Beck (Université de Valenciennes).

Cette action de recherche est développée dans la convention de recherches établie entre l’ONF et l’université de Bourgogne sur la réserve de la forêt domaniale du Val Suzon qui a reçu en octobre dernier le label « Forêt d'Exception » pour son patrimoine écologique et historique.

 

En savoir plus sur l'unité Archéologie, Terre, Histoire, Sociétés (ARTeHIS)

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