Élections européennes : les chercheurs s’invitent aux débats
Du 9 au 14 juin prochains, 360 millions d’électeurs et d’électrices sont appelés à élire le nouveau Parlement européen. Dans cette perspective, le GIS Euro-Lab — qui réunit des chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales travaillant sur l’Union européenne — et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ont noué un partenariat inédit autour de l’organisation de « Rencontres européennes », organisées les 27 et 28 mars dernier au Palais d’Iéna. Autour d’échanges et d’ateliers, ces deux journées ont permis de balayer les enjeux-clés du scrutin.
Créé en janvier 2022, Euro-Lab est un Groupement d’intérêt scientifique et un réseau interdisciplinaire de recherche sur l’Union européenne co-fondé par l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et le CNRS, et réunissant aujourd’hui vingt-neuf universités et grandes écoles désireuses de favoriser la visibilité publique de la recherche européaniste dans l’espace francophone. C’est dans cette perspective que quatorze de ses membres, issus de différentes disciplines des sciences humaines et sociales (historiens, juristes, économistes et politistes), ont réalisé à la demande du CESE un bilan législatif de la mandature du Parlement européen qui s’achève sur une soixantaine de pages détaillant les principaux textes et les principaux votes qui ont jalonné la période 2019-2024. Construit en quatre séries thématiques (questions économiques et sociales ; justice, affaires intérieures, droits fondamentaux et enjeux migratoires ; développement durable, politique régionale, énergie et climat ; l'Europe dans le monde), ce bilan propose une analyse synthétique des acquis et des blocages de la précédente législature. Il a ainsi servi de socle et de rapport introductif à quatre demi-journées d'auditions des parlementaires européens sortants conduites par les membres du CESE dans le grand amphithéâtre du Palais d’Iéna. Associant chercheurs et chercheuses des différentes disciplines des SHS, parlementaires sortants (et pour certains, candidats) et porte-paroles des quatre-vingt-deux associations représentées dans le CESE, ces discussions ont été prolongées par une série d’ateliers pédagogiques co-animées par les chercheurs et chercheuses du GIS Euro-Lab dans les travées du Palais d’Iéna.
Cette occasion unique de renforcer la visibilité des recherches de celles et ceux qui travaillent dans les universités et les laboratoires sur les thèmes de la politique européenne a permis de faire apparaître non seulement l’importance désormais incontournable mais aussi les difficultés pérennes de cette arène parlementaire transnationale qui co-légifère pour 450 millions de citoyens et citoyennes de l’Union. En première ligne sur la régulation sociale, sanitaire et environnementale du Grand Marché européen, de ses entreprises et de ses consommateurs, notamment par le biais de l’imposant paquet législatif du Green New Deal initié par la présidente de la Commission Ursula van der Leyen au fil du dernier quinquennat, l’institution clé de la démocratie européenne reste cependant un junior partner des débats sur la gouvernance économique pour lesquels son rôle reste consultatif : prenons comme exemple la question sensible du montant du budget et des impôts européens (notamment sur les grandes fortunes ou sur les sociétés) qui restent à ce jour très peu développés à l’échelle européenne et grèvent sa capacité à agir. Tribune politique centrale de l’Union, depuis laquelle les chefs d'État et de gouvernement et les grandes personnalités internationales viennent s’adresser aux Européens et Européennes, le Parlement européen peine encore à trouver sa place dans le pilotage des crises multiples qui jalonnent la trajectoire du continent, des guerres à la pandémie en passant par les crises financières.