ELIPSS : un panel, un service et un catalogue pour la communauté de recherche

L’équipe ELIPSS accompagne les chercheurs et chercheuses dans la finalisation de leur questionnaire notamment sur des aspects méthodologiques : adaptation au mode de collecte, harmonisation, etc. L’enquête est ensuite programmée et testée au sein de l’unité, avant d’être mise en ligne avec un suivi actif de son terrain : le protocole prévoit des relances régulières, dont a minima trois relances par mail et deux contacts téléphoniques ; une permanence téléphonique est par ailleurs assurée pour l’ensemble des questions, qu’elles soient techniques ou relatives au sujet de l’enquête, que se posent les participantes au panel. Le protocole mis en place assure des taux de réponse des membres du panel généralement supérieurs à 80 %. À la fin du terrain d’enquête, le jeu de données subit toute une série de traitements : nettoyage, recodage, enrichissement, pseudonymisation et vérification. L’enrichissement de la base de données est un point clé : il s’agit d’intégrer les pondérations et d'apparier les données sociodémographiques produites dans le cadre de l’Enquête annuelle. Chacun des projets administrés peut donc faire l’économie de nombreuses questions concernant le profil des répondantes, les caractéristiques de leur ménage, de leur habitation, etc. Suivant les principes de la science ouverte, les jeux de données sont documentés pour diffusion à l’ensemble de la communauté de recherche.

Ce service s’applique non seulement à des projets ponctuels, mais également aux dispositifs longitudinaux.

Un catalogue de données au potentiel de réutilisation marqué

ELIPSS peut aussi s’entendre comme le riche catalogue d’enquêtes qu’il a permis de constituer au fil des années. À ce jour, plus de 100 enquêtes sont mises à disposition de la communauté des chercheurs et chercheuses pour réutilisation. Les jeux de données sont accessibles sur demande dans la banque de données du CDSP sur data.sciencespo.fr. Les données mobilisables couvrent un large panel de thématiques et peuvent servir de données de cadrage, être le matériau principal d’un projet de recherche, ou même être utilisées à des fins pédagogiques. À titre d’exemple, on y trouve aussi bien des données qui ont trait à la fécondité et aux normes familiales — comme l’enquête « Situation de couple, intentions de fécondité et opinions sur la famille » produites avec l’Ined — ou aux pratiques culturelles — comme l’enquête « Pratiques de visite des Français (musées et expositions) » portée par le Département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture —, ou encore au rapport au travail (enquête « PArticipation et Citoyenneté Sociale », coordonnée par le Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques3 et le Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales4 ). Dernièrement, le catalogue s'est enrichi de données aux enjeux très actuels avec les questions environnementales et climatiques. Conçue collectivement, l’enquête « Baromètre Écologie Environnement » qui s’est terminée en janvier dernier illustre parfaitement cet intérêt.

On dénombre par ailleurs plusieurs collections longitudinales avec notamment un projet très structurant du dispositif composé de dix vagues d’enquête mises en œuvre au cours de la pandémie de Covid-19 (Coping with covid). Un autre projet plus récent s’intéresse en trois vagues aux questions d’insécurité : « Sociologie politique de l'insécurité durant les élections Présidentielles de 2022 ».

Au-delà de ces projets d’enquêtes nativement longitudinales, l’atout principal d’ELIPSS réside dans la possibilité de croiser les données de différentes vagues : on peut ainsi apparier des données pour en mesurer les évolutions dans le temps ou encore pour associer des sujets souvent traités de manière disjointe. C’est sur cette possibilité que s’est par exemple appuyé le volet culturel du projet « Du Monde d’Avant au Monde d’Après - MAMA » ; le cumul d’informations recueillies depuis le début du panel en 2012 a en effet donné l’opportunité de réinterroger le panel sur ces mêmes pratiques à l’issue de la pandémie. Concernant les croisements thématiques possibles, Philippe Coulangeon, dans le chapitre 4 d’Un Panel Français5 , donne un aperçu de l’utilisation d’enquêtes différentes pour questionner l’hypothèse d’une homologie entre attitudes politiques et culturelles.

Si ce catalogue est riche de thématiques de recherche, il est également à haut potentiel pour les savoirs plus méthodologiques, permettant de questionner les manières de constituer ces connaissances. Par ailleurs, le CDSP met à disposition des jeux de données pédagogiques dont deux sont empruntés à la collection ELIPSS.

Un service en constante construction

Depuis ses débuts, ELIPSS a connu différentes phases et développements. En dix ans, la manière de répondre a évolué (équipement fourni vs équipement personnel) et l’effectif de son panel a également varié selon l’avancement du projet (pilote, déploiement, redéfinition, etc.). Deux caractéristiques restent néanmoins indissociables de ce projet : la démarche probabiliste dans la constitution de l’échantillon et la finalité de recherche.

Par ailleurs, avec la fin du financement Equipex qui avait permis le lancement du panel, le modèle de financement a dû s'autonomiser et le dispositif s’appuie désormais sur une participation financière des équipes de recherche, ce qui le rend plus dépendant des opportunités de financement.

Si la variété des sujets traités reposent largement sur les propositions en provenance de la communauté académique, la pérennité du dispositif ELIPSS en dépend également. L’appel à propositions est ouvert à l’ensemble de la communauté de recherche pour soumettre une enquête au panel ELIPSS.