La mission archéologique française à Pétra lauréate du prestigieux Grand Prix d’archéologie 2022 de la Fondation Simone et Cino Del Duca-Institut de France
La Fondation Simone et Cino Del Duca délivre chaque année, sur proposition de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, un Grand Prix d’archéologie pour aider au rayonnement de l’archéologie française en France et à l’étranger. Ce prix prestigieux récompense cette année la mission archéologique française de Pétra, dirigée par Laurent Tholbecq, professeur à l’Université libre de Bruxelles et membre associé de l’unité Archéologies et Sciences de l'Antiquité (ArScAn, UMR7041, CNRS / Ministère de la Culture / Université Paris Nanterre / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).
Laurent Tholbecq est archéologue. Il a suivi un cursus en archéologie classique à l’Université Catholique de Louvain, avant de collaborer à de nombreuses missions internationales, essentiellement en Syrie et en Jordanie. Après avoir enseigné à l’Université Laval (Québec), il est actuellement titulaire de la Chaire d’Archéologie des Provinces Romaines de l’Université libre de Bruxelles et membre associé du laboratoire ArScAn. Dans le cadre d’une allocation de recherche à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo, UAR3135, CNRS / MEAE), il s’est spécialisé dans l’architecture religieuse du Proche-Orient hellénistique et romain, domaine dans lequel il a publié depuis de nombreux travaux. Ses recherches récentes portent essentiellement sur le monde nabatéen et sur la géographie religieuse de sa capitale, Pétra. L’objectif de ces études est d’identifier en quoi la variété et la distribution spatiale des lieux de culte reflète la structuration de la société nabatéenne.
Laurent Tholbecq a dirigé plusieurs fouilles sur différents espaces religieux de Pétra : la « Chapelle d’Obodas », lieu de réunion familial fréquenté par au moins cinq générations d’habitants à Pétra avant l’arrivée de Rome dans la région (2002-2013); un « haut-lieu », espace religieux perché sur l’une des montagnes dominant le centre-ville (le Jabal Numayr, 2010) ; un hameau périphérique situé sur un sommet associant espaces religieux, domestiques et balnéaires (le Jabal Khubthah, 2012- 2019); un sanctuaire lié à l’une des principales sources de la ville et situé dans des massifs calcaires dominant la capitale nabatéenne (Khirbet Braq, 2018) et un sanctuaire périurbain lié au commerce caravanier et abritant deux temples, des thermes, un théâtre et un caravansérail (Khirbet Sabra, 2018-2022).
Laurent Tholbecq coordonne depuis 2012 plusieurs programmes de recherche menés par la Mission archéologique française de Pétra, en collaboration avec la Mission archéologique belge de l’Université libre de Bruxelles. Le cœur de ces recherches porte sur le Qasr al-Bint, un temple situé dans l’hypercentre de l’ancienne capitale, et sur son environnement immédiat. Comme représentation symbolique du pouvoir, ce lieu de culte vraisemblablement dynastique est topographiquement rattaché à l’espace palatial et est reconfiguré radicalement par les autorités romaines au moment de l’annexion du royaume nabatéen, en 106 de notre ère.
Le projet présenté pour 2023-2027 vise à poursuivre la fouille d’un complexe architectural de la fin de l’époque hellénistique découvert ces dernières années à proximité du Qasr al-Bint. Ces bâtiments, conservés jusqu’à l’amorce de leur premier étage, présentent un décor architectural et un décor peint de qualité exceptionnelle, à rapprocher des réalisations les plus prestigieuses de la ville comme la Khazneh, le mausolée dynastique royal nabatéen. La qualité et la centralité de cet ensemble permettent d’y reconnaître un espace palatial dont il s’agira de déterminer le fonctionnement, comme espace public et comme espace privatif royal.
À propos du prix
La Fondation Simone et Cino Del Duca, créée en 1975, est abritée à l’Institut de France depuis 2005. Il s’agit d’une fondation qui œuvre en France et à l’étranger dans le domaine des arts, des lettres et des sciences par le moyen de subventions, de Prix et d'aides attribués chaque année sur proposition des Académies de l'Institut de France. La Fondation décerne annuellement quatre Grands Prix dont le Grand Prix d’Archéologie. S’agissant du prix le plus important dans ce domaine, il est destiné à contribuer au rayonnement de l’archéologie française en France et à l’étranger.