Le réseau des Maisons des Sciences de l’Homme, infrastructure de recherche nationale au service des sciences humaines et sociales

La Lettre

Gilles Pollet est politiste, spécialiste de l'analyse des politiques publiques et de la socio-histoire des sciences et savoirs de gouvernement. Il est, depuis septembre 2016, directeur de la Maison des Sciences de l'Homme Lyon Saint-Etienne (MSH LSE, UAR 2000, CNRS / Université Jean Monnet / Université Lumière Lyon 2 / Université Jean Moulin Lyon 3). Il est également, depuis juin 2019, membre du Directoire du Réseau national des Maisons des Sciences de l'Homme (RnMSH).

Le Réseau national des Maisons des Sciences de l’Homme (RnMSH), conçu sous forme de Groupement d’Intérêt Scientifique (Gis) en 2006, regroupe vingt-deux maisons. Depuis 2012, ce réseau est une infrastructure de recherche (IR) en sciences humaines et sociales (SHS), distribuée sur le territoire national et inscrite sur la feuille de route nationale des infrastructures de recherche reconnues par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri). Rappelons que dans l’esprit de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH), créée à Paris par Fernand Braudel en 1963, la convergence d’une action impulsée par Maurice Garden, alors directeur de la recherche au ministère, et d’initiatives de plusieurs universitaires en région, a conduit à la création de MSH sur les principaux sites universitaires à partir des décennies 1980-1990. Le mouvement s’est poursuivi dans les années 2000.

Le Réseau national des MSH coordonne aujourd’hui un dispositif de maillage du territoire national structuré autour de ces vingt-deux maisons qui constituent des instruments de transformation des SHS basés en particulier sur l’interdisciplinarité, le développement de la logique de projet, l’internationalisation des recherches, la logique de science ouverte et l’ancrage territorial.

Les actions des MSH et de leur réseau sont articulées autour de quatre missions principales et tiennent compte du paysage institutionnel et du contexte spécifique de chaque site :

  • Une mission de déploiement-relai : les MSH doivent déployer et ancrer territorialement les dispositifs nationaux que sont les Très Grandes Infrastructures de Recherche en SHS, les actions coordonnées de valorisation, les actions nationales en faveur de l’information scientifique et technique.
  • Une mission de mutualisation : les MSH doivent être en mesure de proposer des services mutualisés d’appui à la recherche à l’ensemble des unités de recherche qu’elles couvrent (unités mixtes de recherche, unités de recherche propres de l’enseignement supérieur et de la recherche, ou encore fédérations de recherche). Au-delà des économies d’échelle, la mutualisation encourage des solutions hyper-compatibles qui favorisent l’échange, l’interopérabilité des données et le décloisonnement.
  • Une mission d’incubation : les MSH doivent s’organiser autour d’une logique de transversalité par rapport aux laboratoires, en étant en capacité de cristalliser des initiatives de recherche qui alimentent le cœur scientifique des unités. Les MSH constituent en particulier des dispositifs de soutien aux projets interdisciplinaires portés notamment par les jeunes chercheurs et chercheuses et peuvent organiser les formations nécessaires à la mise en œuvre des projets scientifiques.
  • Une mission de fédération : deux types d’actions peuvent ici être envisagées. La première consiste à fédérer des unités d’un site autour d’un projet particulier, en vue d’atteindre un poids scientifique suffisant pour légitimer un leadership national et une visibilité internationale. La seconde action, liée à la mise en œuvre de la politique de site, conduit à proposer que les MSH jouent un rôle important dans l’animation et la structuration de la communauté scientifique SHS du site.

Dans ce cadre général, l’action du RnMSH permet de coordonner les forces et les potentiels de chacune des maisons en les fédérant dans un dispositif national et en développant quelques opérations stratégiques, structurantes et emblématiques.

Parmi ces dernières, citons notamment les appels à projets ou appels à manifestation d’intérêt récurrents du RnMSH qui sont lancés tous les ans ou tous les deux ans. Il s’agit de financer des projets inter-MSH, innovants, exploratoires, structurants, interdisciplinaires et pluridisciplinaires, impliquant le plus souvent les plateformes technologiques des MSH, entre et au-delà des sciences humaines et sociales. Ces derniers ont la particularité de reposer sur des projets scientifiques qui font travailler ensemble des collègues et des équipes situés dans au moins deux MSH différentes.

Soulignons également le rôle déterminant joué par le Réseau dans la structuration et la mise en cohérence des plateformes inscrites au sein des MSH et labellisées par le RnMSH. Une plateforme du RnMSH est un ensemble de moyens techniques organisés de façon systématique qui, allié à des compétences d’ingénierie de haut niveau, constitue une instrumentation spécifique et mutualisée au service de la recherche en SHS. Le RnMSH fédère cinq réseaux de plateformes technologiques ainsi définies : Audio-visio (ressources et corpus audio, visuels, du documentaire ethnologique aux conférences filmées), Cogito (essentiellement des équipements pour les recherches en sciences cognitives, mais aussi des données issues des expérimentations sur ces équipements ou d’autres), Data (corpus de données quantitatives ou données traitées de manière quantitative), Scripto (données notées, du texte littéraire aux archives du monde contemporain en passant par les partitions, traitement numérique des textes), Spatio (ressources pour le traitement et l’analyse de données à références spatiales, imagerie et 3D).

Les MSH et leurs plateformes offrent des services, accueillent des chercheurs, des chercheuses et des ingénieur(e)s sur des sites dédiés. De son côté, le Réseau, structure transversale, crée du lien entre les MSH, labellise et rend visibles ces plateformes, accroît les liens entre les MSH et leurs partenaires. Le Réseau constitue ainsi un dispositif spécifique de partage de projets scientifiques, de compétences et d’outils d’accompagnement de la recherche. Grâce au soutien du Mesri, deux postes d’ingénieur(e) d’études viennent d’être créés au sein du Réseau pour mieux structurer et coordonner les actions des réseaux plateformes Audio-visio et Cogito. Par ailleurs, sous l’impulsion du RnMSH, une feuille de route pour les réseaux de plateformes dites de deuxième génération a été validée par le comité directeur du RnMSH.

Les MSH et leur réseau national jouent également un rôle de structuration de la recherche en SHS à travers la fonction de porte d’entrée et d’appui aux Très Grandes Infrastructures de Recherche (désormais appelées IR*) telles Progedo et HumaNum, ainsi qu’avec les autres infrastructures de recherche (IR) des SHS (Métopes, Collex Persée, etc.), et dans la co-construction de dispositifs et d’opération avec ces mêmes IR. Le RnMSH accompagne les transformations affectant les recherches en SHS, en particulier en ce qui concerne la science ouverte. Il apporte ainsi son soutien, et accompagne les MSH qui répondent à l’appel à projets annuel lancé par le Fonds National pour la Science Ouverte (FNSO) et par CollEx Persée. Le Réseau incite également fortement les chercheurs et chercheuses des MSH à déposer leurs articles sur Hal. Il mène actuellement une réflexion sur les transformations de l’édition, en particulier sur les positionnements des pôles éditoriaux et pépinières de revues, en lien avec l’InSHS.

Par ailleurs, les MSH et leur réseau sont des creusets d’approfondissement des questions transversales et des nouveaux sujets émergents d’une part, d’analyse et de réponses aux grands défis sociétaux d’autre part. Le RnMSH remplit ici une fonction d’impulsion et de structuration de certains champs et secteurs de recherche pluri, interdisciplinaires et transversaux, comme cela peut être le cas à travers son implication dans l’opération HS3P-CriSE Crises sanitaires et environnementales – Humanités, sciences sociales, santé publique, coordonnée par le CNRS (InSHS) et l’Inserm, sous l’égide des Alliances Athéna, Aviesan et Allenvi, où il déploie plusieurs actions importantes. Le RnMSH, grâce à l’action d’une chargée de mission, facilite ainsi la mise en lien de chercheurs et chercheuses impliqués dans ces thématiques de recherche. À partir d’un questionnaire diffusé largement, 450 projets ont déjà ainsi été recensés et de nombreux liens scientifiques ont été effectués qui permettent d’accroître les collaborations interdisciplinaires. Son action repose également sur la programmation d’un cycle très actif de webinaires portant sur « Les sciences à l’épreuve des crises sanitaires et environnementales ».

Sur le plan institutionnel et de la gouvernance, un chantier a été ouvert à l’automne 2018, sous l’égide du CNRS, en partenariat avec le Mesri, la Conférence des présidents d'université (CPU) ainsi que l’Alliance Athéna. Il a permis la révision des textes fondamentaux des MSH : la charte (des missions) des MSH,  le modèle de convention pour les MSH, et la convention du Groupement d’Intérêt Scientifique (Gis) du Réseau des MSH.

Cet aggiornamento institutionnel a débouché sur un certain nombre de réformes organisationnelles et de structure. Depuis 2019, le RnMSH est animé par un Directoire, composé de trois directeurs de MSH en exercice, et un Bureau composé des trois membres du Directoire et de trois autres directeurs de MSH en activité. Bureau et Directoire sont élus par le comité directeur qui rassemble l’ensemble des directeurs des MSH. Un membre du Bureau est par ailleurs présent au sein de chaque comité de pilotage des MSH.

Le conseil scientifique (CS) du RnMSH formule quant à lui des avis sur les orientations générales et les priorités du Gis ainsi que sur les demandes d’adhésion au Réseau. Il apporte son soutien aux MSH et assure le suivi de leurs orientations scientifiques dans le cadre du Réseau. Il peut également, en accord avec le Réseau, impulser des manifestations scientifiques d’envergure, comme dans le cadre du colloque InderdisciplinaritéS organisé en deux temps en septembre 2021 et janvier 2022 au sein de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme (MMSH, USR3125, CNRS / AMU). Un membre du CS du RnMSH siège également au sein des CS de chaque MSH.

Le Gis RnMSH s’appuie une secrétaire générale, une animatrice de communautés et des chargés de mission qui déclinent la stratégie scientifique définie par le CNRS, le MESRI, les universités et leurs partenaires, et mise en œuvre par le Réseau, en organisant et en animant les instances, en proposant et en mettant en place des actions, et en rendant visible l’ensemble des opérations menées.

Gilles Pollet pour le Directoire du RnMSH

Carte des MSH

Le RnMSH

Le Directoire du RnMSH : Pascal Buléon (Caen), Gilles Pollet (Lyon Saint-Etienne), Nicolas Thély (Bretagne)

Le Bureau du RnMSH : Sophie Bouffier (Aix-Marseille), Didier Breton (Strasbourg), Pascal Buléon (Caen), Gilles Pollet (Lyon Saint-Etienne), Jean Vigreux (Dijon), Nicolas Thély (Bretagne)

L’équipe du RnMSH :

Infrastructure de recherche nationale, le RnMSH et ses 22 MSH constitués en Gis, s’appuie sur une unité mixte de service, dont les personnels sont les suivants :

  • Myriam Danon-Szmydt, ingénieure de recherche CNRS, secrétaire générale du RnMSH, et directrice de l'unité mixte de service, myriam.danon@cnrs.fr
  • Chiara Chelini, ingénieure d’études CNRS, animatrice de communautés, chiara.chelini@cnrs.fr
  • Claire Couly, en CDD, ingénieure d’études CNRS, chargée de la valorisation de la recherche autour de HS3P-CriSE Crises sanitaires et environnementales
  • Lara Boisseleau et Claire Perret, chargées de mission (CDD) pour les deux réseaux de plateformes Cogito et Audio-visio.

Contact

Myriam Danon-Szmydt
Secrétaire générale du Réseau national des Maisons des Sciences de l'Homme