Les adolescents et la loi : un état des lieux pour comprendre les relations entre jeunes et institutions publiques

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Quelles relations les jeunes entretiennent-ils par rapport aux institutions publiques ? Comment perçoivent-ils l’école ? Comment leurs convictions religieuses interfèrent-elles dans l’enseignement reçu ? C’est à ces questions que tente de répondre l’enquête « Les adolescents et la loi ». Coordonnée par Sébastian Roché — directeur de recherche au CNRS au sein de l’unité Politiques publiques, actions politique, territoires (PACTE, UMR5194, CNRS / Université Grenoble Alpes / Sciences Po Grenoble) — elle est le volet français du programme UPYC (Understanding and Preventing Youth Crime). Financée par l’ANR et le Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques (CSFRS), cette recherche associe l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la France et dresse un panorama des processus scolaires, sociaux, familiaux et religieux et des politiques d’intégration.

Entre avril et juin 2015, plus de 11.000 adolescents — dont 9.000 collégiens de l’enseignement public ou privé sous contrat et un échantillon supplémentaire de 2000 collégiens pour les villes de Marseille et Aix — ont été interrogés dans les Bouches-du-Rhône à la suite d’un tirage aléatoire dans des classes de 5ème, 4ème et 3ème. Si le tirage au sort permettait de représenter les groupes minoritaires à leur juste poids, le choix du collège s’expliquait par le souci de se situer en dessous de l’âge de fin de scolarité obligatoire, et ce dans tous les pays participants.

Les résultats obtenus montrent que les adolescents ont une opinion de l’école et de la police majoritairement favorable. Cependant, une importante minorité (jusqu’à 40 %) se sent discriminée, y compris à l'école. Les appréciations sont très clivées suivant les bassins. A Marseille Nord, par exemple, les jeunes se montrent beaucoup plus critiques sur les questions de délinquance, de trafics, d’appréciation de l’école, de rapport à la police et d’obligation de lui obéir.

Environ 25 % des jeunes achètent ou vendent des produits contrefaits. Une petite minorité pense que la violence est justifiable, qu'il s'agisse de l'exercer contre la police ou contre des personnes à cause de leurs convictions religieuses. La perception du système politique est, quant à elle, mitigée : autant le vote est valorisé, autant on estime que les hommes/femmes politiques sont indifférents aux soucis des familles.

Les jeunes accordent une importance disparate à la religion. Là où les catholiques sont modérément attachés à leur foi et à la communauté de foi, les musulmans le sont fortement. Les valeurs des adolescents — égalité de genre, liberté à choisir, liberté à critiquer, laïcité — sont nettement organisées le long de lignes religieuses, en fonction de leur rapport à dieu (se dire « sans religion » ou au contraire en reconnaître une), des dénominations et de l'intensité de l'attachement à la religion. Les adolescents athées sont les plus convaincus de la valeur de l’égalité, de la liberté de choix et de la séparation de l’église et de l’Etat. Les jeunes musulmans se situent à l’autre extrémité du spectre et les catholiques en position intermédiaire.

L’attachement à l’école est assez peu clivé, quel que soit le rapport à dieu. Cependant, lorsque les contenus des enseignements contredisent ceux du livre sacré, ils sont plus mal acceptés par les adolescents catholiques convaincus, plus mal encore par les adolescents musulmans qui accordent une grande place à la religion. Ainsi, l’idée de l’évolution des espèces est rejetée par 71,8 % de ces derniers. Par contraste, le rejet n’est que de 5,7 % chez les jeunes « sans religion ».

 

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