Mieux comprendre le climat urbain par une analyse fine des situations météorologiques

Sciences des territoires

À l'heure où les acteurs locaux s’approprient la question des enjeux climatiques sur leur territoire, pour la mise en œuvre de politiques d’atténuation et d'adaptation au changement climatique, classer les situations météorologiques locales — nommées ici types de temps sensibles — pour faciliter l'analyse et la communication d'informations climatiques est plus que jamais nécessaire. C’est justement l’objet des recherches menées par Julia Hidalgo et Renaud Jougla, tous deux membres du Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST, UMR5193, CNRS / EHESS / Université Toulouse Jean Jaurès, École Nationale Supérieure de Formation de l’Enseignement Agricole), dont les premiers résultats ont récemment donné lieu à une publication dans la revue Plos One.

Initié en 2014, le projet ANR-MapUCE (Modélisation Appliquée et Droit de l'Urbanisme : Climat urbain et Énergie), coordonné par Valéry Masson (Centre National de Recherches Météorologiques) et Julia Hidalgo, visait à améliorer les démarches d’intégration des enjeux climatiques dans les politiques urbaines. À partir de simulations numériques, l’objectif était d’obtenir des données quantitatives de microclimat urbain, climat et énergie pour n’importe quelle ville de France — et ce jusqu’à l’échelle des quartiers — et de définir une méthodologie permettant d’intégrer ces données dans les documents juridiques et les politiques urbaines les plus pertinentes.

L’étude actuelle prend appui sur la méthode de classification mise en place pour le projet ANR, mais s’intéresse particulièrement à l’analyse du climat urbain de la ville de Toulouse. L’approche adoptée permet de produire une information climatique plus facilement appropriable et intuitive, d'identifier les types de situations météorologiques à enjeu (par exemple celles favorisant la formation d'un îlot de chaleur urbain nocturne) et d’envisager des projections climatiques futures afin de mettre en place les mesures d'adaptation adéquates.

Dans cet article, les types de temps sensibles qui expliquent la pluralité des situations météorologiques auxquelles font face les Toulousains sont présentés en profondeur. Des analyses climatiques fines sont menées en ne se basant plus uniquement sur des indicateurs climatiques classiques — comme les moyennes mensuelles, saisonnières ou annuelles — qui gomment les spécificités des situations individuelles. Elles permettent d’explorer l'impact des projections climatiques futures en termes de fréquence et d'intensité de ces situations météorologiques. Elles facilitent enfin la prise en compte des enjeux climatiques locaux dans les pratiques de planification urbaine.

Cette recherche conclut qu'une étude systématique préalable utilisant ce type d'approche est une bonne pratique pour effectuer la contextualisation climatique dans les études climatiques appliquées à l'échelle locale, tant pour l'analyse scientifique que pour la communication envers les acteurs et décideurs territoriaux.

Si le potentiel de cette approche est démontré ici dans le domaine de la climatologie urbaine, elle peut également être utilisée dans d’autres domaines d'étude de la climatologie pour lesquels une description fine des conditions climatiques locales est nécessaire (comme dans les études d'impact du changement climatique ou l'hydrologie par exemple).

Cette méthode de classification a été appliquée à une cinquantaine de villes du territoire métropolitain français dans le cadre du projet ADEME-PAENDORA. Des fiches de synthèse décrivant les types de temps sensibles sur ces territoires urbanisés présentent un outil précieux pour les études en climatologie urbaine et les collaborations avec les acteurs des années à venir.

Tableau
Villes étudiées dans le projet MApUCE avec une classification par TTS disponible

Contact

Julia Hidalgo
Chercheur, Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST)