Notre-Dame de Paris : une aventure interdisciplinaire
Piloté par le CNRS et le ministère de la Culture dès le lendemain de l'incendie qui a frappé la cathédrale en avril 2019, le chantier scientifique Notre-Dame de Paris permet de coordonner la recherche scientifique autour de la cathédrale, en parallèle du chantier de restauration, et regroupe des chercheurs et des laboratoires de toute la France, autour de plusieurs groupes de travail thématiques. Un numéro spécial du Journal of Cultural Heritage, issu des travaux du chantier scientifique et coordonné par Philippe Dillmann1 , Martine Regert2 , Aline Magnien3 , Pascal Lievaux4 et Livio De Luca5 , vient de paraître. Il propose un état des lieux des recherches en cours et est en libre accès jusqu’au 1er juillet 2024.
- 1Directeur de recherche CNRS à l’Institut de Recherche sur les Archéomatériaux (IRAMAT, UMR7065, CNRS / Université d’Orléans, Université Paris Saclay, Université de Belfort Montbéliard), et au laboratoire Nanosciences et innovation pour les matériaux, la biomédecine et l'énergie (NIMBE, UMR3685, CNRS / CEA).
- 2Directrice de recherche CNRS au laboratoire Cultures et environnements : Préhistoire, Antiquité, Moyen-Âge (CEPAM, UMR7264, CNRS / Université de Côte d’Azur).
- 3Ancienne directrice du Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH, Ministère de la Culture).
- 4Responsable du département en charge de la recherche à la direction générale des Patrimoines du ministère de la Culture.
- 5Directeur de recherche CNRS au laboratoire Modèles et simulations pour l'Architecture et le Patrimoine (MAP, UPR2002, CNRS).
Depuis le lancement du chantier scientifique Notre-Dame, plus de 175 scientifiques collaborent sous l'égide du ministère de la Culture et du CNRS. Ce travail scientifique d'accompagnement de la restauration permet d'accroître les connaissances sur Notre-Dame de Paris et, au-delà, notre connaissance des techniques de construction médiévales et de l'évolution du savoir-faire des bâtisseurs de cathédrales.
Cet accompagnement scientifique, présenté dans ce numéro spécial du Journal of Cultural Heritage, est unique par son ampleur et sa profondeur et réunit des scientifiques de disciplines souvent séparées, permettant pour la première fois d’étudier le monument de manière exhaustive. Il pourrait également inspirer d’autres projets à grande échelle. Il a été rendu possible par la décision de l'établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame de Paris et des architectes en chef des monuments historiques d'ouvrir largement les portes du monument en restauration aux groupes de recherche.
Les actions prennent deux formes :
- D'une part, des recherches appliquées, directement utiles au projet de restauration, qui a conduit l'établissement public à encourager et à cofinancer des études visant à caractériser les matériaux nécessaires à la restauration et à analyser la structure des voûtes à restaurer.
- D'autre part, des recherches qui ne sont pas directement liées aux travaux en cours mais qui permettent de mieux connaître l'histoire de la cathédrale, notamment les techniques de construction utilisées, le phasage de la construction et des modifications au cours des siècles. Elles concernent également des actions de recherche sur l’acoustique de la cathédrale à différentes époques et des études sociologiques Enfin, à partir des bois de la charpente notamment, les aspects climatiques et environnementaux sont abordés pour appréhender les climats passés, les pratiques de sylviculture, les réseaux d’approvisionnement, etc.
Le projet offre une occasion rare d'explorer en détail des parties qui ne sont pas facilement visibles ou accessibles en temps normal. Les travaux menés par l’ensemble des groupes de travail génèrent de grandes quantités de données inédites qui sont réunies et interconnectées au sein d’un écosystème numérique ; elles forment un corpus unique qui permet de mieux comprendre l'importance de Notre-Dame de Paris notamment dans l'histoire de l'architecture.1
- 1Texte inspiré de la préface rédigée par le Général d'armée Jean-Louis Georgelin, qui a présidé l'établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris de 2019 jusqu’à son décès en 2023.
En savoir plus
Le chantier scientifique Notre-Dame de Paris implique une cinquantaine d'équipes de recherche et laboratoires répartis dans toute la France et regroupe au total 175 chercheurs. Il apporte des informations utiles au chantier de restauration et renouvelle les connaissances sur l’édifice, son histoire, son environnement, et, plus largement, sur les cathédrales et sur le patrimoine.
Il est organisé en 9 groupes de travail thématiques rassemblant des scientifiques de nombreuses disciplines (archéologues, historiens, historiens de l’art, anthropologues, physiciens, chimistes, ingénieurs, informaticiens...) :
- Bois et charpentes
- Acoustique
- Métal
- Vitraux
- Pierre et mortiers
- Structures
- Données numérique
- Émotions et mobilisations
- Décors monumentaux
Référence
Dillmann P., Regert M., Magnien A., Lievaux P., De Luca L. 2024, Notre-Dame de Paris : a multidisciplinary scientific site, Journal of Cultural Heritage, Vol. 65.