Prolongation d’un an de la campagne d’attribution de subventions aux revues scientifiques

Cette décision est motivée par la volonté de prendre un temps pour réfléchir aux modalités de soutien aux revues scientifiques. La rapide évolution du contexte politique de la science ouverte a déjà conduit l’institut à modifier les critères d’attribution des subventions lors de la dernière campagne1 . En témoigne en particulier la durée maximale portée à un an pour les barrières mobiles. Il en résulte aujourd’hui que 89 % des revues soutenues par CNRS Sciences humaines & sociales sont en accès ouvert, immédiat et complet, en s’inscrivant dans le modèle « diamant »2 .

En outre, plusieurs dispositifs de financement co-existent actuellement pour accompagner les revues dans la transition vers la science ouverte. Les appels à projets du Fonds national pour la science ouverte (FNSO) en sont à leur troisième édition et bénéficient aujourd’hui de la contribution de l’Agence nationale de la recherche (ANR), spécialement pour soutenir le modèle « diamant ». Chacun de ces appels a largement bénéficié aux sciences humaines et sociales qui représentent plus de 50 % des lauréats. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a également mis en place un Plan de soutien pour faciliter la levée des barrières mobiles sur les plates-formes d’EDP Sciences, de Cairn et d’OpenEdition avec une compensation financière aux éditeurs. C’est un dispositif très précieux pour les revues souhaitant achever leur trajectoire vers l’accès ouvert, immédiat et complet. Plus récemment, suite au Sommet global sur l’accès ouvert Diamant qui s’est tenu en octobre dernier à Toluca (Mexique), l’ANR et le CNRS ont annoncé leur intention de soutenir financièrement la mise en place d’un Capacity Hub pour le modèle « diamant » qui s’appuiera sur l’infrastructure européenne OPERAS, dans laquelle CNRS Sciences humaines & sociales est déjà fortement impliqué.

La prolongation d’un an de l’actuelle campagne permettra à l’institut d’observer comment ces différents dispositifs de soutien à l’édition sont amenés à évoluer et de participer aux discussions sur son devenir, tout en préservant les conditions financières accordées aux revues. Le but recherché est d’aboutir à des modalités de soutien plus pérennes. Si les appels à projets et les campagnes biannuelles ont pu avoir leur raison d’être, il est nécessaire de réfléchir aujourd’hui à des modalités plus stables qui permettront aux revues de s’inscrire dans la durée.

Les revues ne peuvent pas être maniées comme des « projets » : elles sont des vecteurs de science dont la valeur réside aussi dans leur capacité à durer dans le temps pour structurer les champs scientifiques. À un moment charnière où la politique de science ouverte s’institutionnalise progressivement, il importe de renouveler la manière d’appréhender le financement des revues afin que CNRS Sciences humaines & sociales continue à occuper une place de premier ordre en combinant ses forces à celles des autres acteurs institutionnels nationaux et internationaux.

Lionel Maurel, Astrid Aschehoug, Pôle Science ouverte, édition scientifique et données de la recherche, CNRS Sciences humaines & sociales

• 1En juillet 2018, le CNRS a signé la convention internationale DORA pour une évaluation qualitative de la recherche. En 2019, il a également adopté une feuille de route pour la science ouverte qui se donne 100 % de publications en accès ouvert pour objectif.
• 2Le lecteur ne paye pas pour accéder aux articles de la revue et l’auteur ne paye pas pour y publier.