Trois questions à Didier Josselin, sur le Journal of Interdisciplinary Methodologies and Issues in Science (JIMIS)
Zoom sur…
Directeur de recherche CNRS, Didier Josselin dirige le laboratoire Études des structures, des processus d'adaptation et des changements de l'espace (ESPACE, UMR7300, CNRS / AMU / Avignon Université / Université Côte d’Azur). Ses travaux de recherche portent notamment sur l’analyse spatiale et (géo)-statistique exploratoire, les questions de mobilité et d’optimisation du transport en fonction de la demande. Il est le rédacteur en chef du Journal of Interdisciplinary Methodologies and Issues in Science.
Créée en 2016, Journal of Interdisciplinary Methodologies and Issues in Science (JIMIS) est une revue internationale à comité de lecture en langues française et anglaise. JIMIS aborde de façon originale des thématiques et des problématiques scientifiques transversales aux disciplines. Pourquoi avoir fait le choix de l’interdisciplinarité pour cette revue ?
Le choix de l'interdisciplinarité (de toutes les sciences au sens large) s'est imposé à nous. D'une part, de nombreux collègues de différentes disciplines ont émis expressément le souhait de voir émerger une telle revue, permettant de focaliser la réflexion scientifique sur des questions ou des objets partagés, mais appréhendés de façon très variée par les disciplines ou des groupes de chercheurs et chercheuses interdisciplinaires. Cela amène, d'une certaine façon, à mettre en évidence l'importance d'un questionnement indépendant des disciplines, tout en assumant des positionnements épistémologiques disciplinaires et en les confrontant. D'autre part, la longue expérience des éditeurs de la revue dans des groupes de travail interdisciplinaires a démontré la place essentielle de la recherche sur des questions transversales qui doivent se détacher des silos disciplinaires ou techniquess. Enfin, vous observerez que cette revue a un large spectre et couvre les sciences exactes, expérimentales, de l'Homme et de la société…
Quelles sont les principales évolutions que vous avez pu observer ces cinq dernières années sur le rapport à l’interdisciplinarité et la manière dont les SHS s’en saisissent ?
Deux évolutions sensibles m'apparaissent. La première est le besoin évident de la présence de chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales dans des problématiques scientifiques larges, par exemple sur des sujets brûlants comme le changement climatique et la pandémie de Covi19. La seconde est l'intégration croissante — dans des consortia — des laboratoires ou des équipes de chercheurs et chercheuses issus des SHS. Ces deux mouvements rendent les SHS très attractives sur des sujets d'interface et nous incite à revisiter nos champs de recherche en dehors de nos zones de confort.
Le dernier numéro est consacré à la thématique « Penser l'interdisciplinarité en pratique ». Dans les contributions reçues, quelles sont les premières tendances qui se dégagent ? Est-il encore temps de participer au numéro et si oui, comment ?
Le numéro consacré à cette thématique, au cœur de JIMIS, a déjà reçu plusieurs articles qui sont actuellement en évaluation. Ce qui ressort de prime abord est le travail réflexif mené par les chercheurs et chercheuses sur leurs pratiques à la croisée interdisciplinaire, mettant en évidence tout l'apport méthodologique de ces travaux et le fait que l'interdisciplinaire n'exclut pas, mais au contraire, renforce la connaissance disciplinaire. Il est bien entendu toujours possible de soumettre un article à ce numéro, en déposant une version V1 sur HAL qu'il suffit de glisser ensuite sur JIMIS, via les ID HAL du déposant et du papier.