Les arts de l’autel médiéval. De la genèse des objets aux stratégies muséographiques

Du
au
Campus Condorcet / Musée du Louvre

Au cours des dernières années, l’équipe interuniversitaire TEMPLA a développé un projet de recherche qui étudie, à partir de sources documentaires et des dispositifs visuels conservés in situ ou dans des musées, la mémoire des cultes permanents ou changeants pratiqués par des religieux et des laïcs dans des églises médiévales.

Ce projet propose une étude holistique des sanctuaires d’une série de sites cathédraux (IXe-XVe siècles). L’étude des contextes matériels des sanctuaires est menée de front avec l’examen des dispositifs artistiques destinés à orner les autels et leur environnement immédiat, à révéler et à exalter les saints titulaires et la divinité et à identifier le promoteur et le concepteur de l’œuvre (à travers l’héraldique et l’écriture). Les analyses de la matérialité des structures architecturales et des dispositifs visuels sont combinées avec une approche phénoménologique des œuvres et une compréhension liturgique des rites et des dévotions spécifiques. D’un point de vue méthodologique, nous examinons le décor visuel en relation avec les manifestations sociales attendues au moment des célébrations rituelles. Ce colloque est convoqué pour suivre cette ligne de pensée, dans laquelle le maître-autel est envisagé comme l’épicentre rituel, spirituel, mais aussi matériel et émotionnel de toute église.

Au fil du temps, et dans le contexte de l’autel de nombreuses productions artistiques ont été privées de l’usage, du contexte et des significations envisagées lors de leur genèse. La matérialité de certaines de ces œuvres a pu être détériorée, altérée voire fusionnée avec d’autres supports pour revêtir de nouvelles valeurs sémantiques. Les questions de conservation et d’exposition dans des musées fondés à partir du XIXe siècle offrent une excellente occasion de réfléchir à la biographie de ces objets. Ces transformations montrent qu’une œuvre peut être lue selon de nouvelles conditions de perception et d’usages culturels, contextuels ou environnementaux modifiés, de telle sorte qu’elle peut être reconsidérée et réinterprétée dans son intégralité. En prenant en considération ces différents angles d’approche et des méthodes éprouvées dans le cadre de l’étude de la « longue vie » des objets, ce colloque a pour objectif d’attirer l’attention sur ce phénomène répandu, mais largement négligé par l’historiographie, à travers diverses lignes thématiques :

  • la « seconde vie » et la réception ultérieure de certains artefacts à usage liturgique ayant perdu leur fonction originelle, mués en objets de collection ou destinés à la contemplation esthétique ;
  • les valeurs théologiques, apotropaïques et thaumaturgiques conférées à certains objets à travers des stratégies religieuses ou des traditions populaires quant à leur matérialité ;
  • l’influence des multiples facteurs (politiques, religieux, commerciaux) qui ont conduit à la variation matérielle et idéelle des œuvres d’art liées à des autels médiévaux ;
  • la prise en compte d’exemples de ces phénomènes dans les collections des musées, à commencer par celles du Musée du Louvre, du Musée national du Moyen Âge, du Museu Episcopal de Vic et du Musée de l’Université de Bergen.

Ce colloque offre l’occasion de reconsidérer les œuvres en elles-mêmes, comme autant de points de départ pour la compréhension de significations modulables en fonction des contextes successifs de leur usage. Les discussions et les résultats de cette rencontre permettront également d’envisager de nouvelles stratégies muséographiques et de médiation pour présenter ces œuvres au public.

 

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