Les résistances à l’esclavage en Afrique : Passé et présent

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Vingt ans se sont écoulés depuis la publication de Fighting the Slave Trade : West African Strategies, l'important recueil d'essais édité par Sylviane Diouf (2003). Alors que l'historiographie de la résistance en Afrique a une histoire beaucoup plus longue, avec des publications majeures datant des années 1970, la recherche sur les résistances à l'esclavage en Afrique depuis l'ouvrage de Diouf est restée assez dispersée, sans comparaison interrégionale.

Ce symposium a pour but de faire le point sur les recherches actuelles sur les résistances à l'esclavage sur le continent africain, tant dans le passé que dans le présent. Nous invitons donc des communications sur une grande variété de pratiques individuelles et collectives de résistance à l'esclavage sous toutes ses formes dans toutes les régions d'Afrique. Par esclavage, nous entendons les formes historiques, catégorielles et contemporaines d'extrême dépendance et d'inégalité exercées par la violence dans les relations de travail, les systèmes sociaux et les modes de production. Notre champ de d'étude inclut donc les différents trafics d’esclaves historiques continentaux et côtiers, l’institution de l’esclavage tel que pratiqué sur le continent, les héritages actuels de ces formes historiques d’esclavage sur le continent africain (parexemple, l’esclavage par ascendance), également appelé dans certains cas post-esclavage, et d’autres formes d’esclavage moderne telles que la servitude pour dettes, la servitude domestique et le travail forcé sous contrat.

L’objectif du symposium est de réexplorer l’idée même de résistance à l’esclavage dans une perspective comparative interrégionale. Les débats sur les formes collectives de résistance à l’esclavage en Afrique semblent s’être estompés face à une focalisation sur l’action individuelle et la résistance quotidienne. En décrivant des trajectoires d’action individualisées particulièrement complexes au sein du ‘continuum de parenté’ (Miers & Kopytoff, 1977), la recherche a eu tendance à perdre de vue les résistances et la nature fondamentalement oppressive et violente de l’esclavage. Notre objectif est de mettre en lumière les relations complexes entre l'individu et la collectivité dans leur réponse à l'institution de l'esclavage - que ce soit en tant que système social, forme de travail ou mode de production.

Compte tenu du large éventail de formes de coercition et de dépendance qui ont englobé le domaine de l’esclavage dans les sociétés africaines, nous sommes convaincus qu’une perspective comparative dans les différents contextes africains, encouragera le recentrage de la violence et de la résistance à la violence au cœur du système esclavagiste à travers les époques. Nous cherchons à examiner comment des stratégies plus collectives, telles que les révoltes, l’utilisation des paysages pour la défense contre les pilleurs d’esclaves, et la formation de communautés et d’États de refuge ont interagi avec des formes plus quotidiennes et individuelles de résistance, telles que l’auto-libération, les stratégies d’évitement et le rejet des tâches de travail imposées, sans s’exclurent les unes des autres. Des études récentes ont mis l'accent sur les mécanismes qui ont poussé à des changements juridiques contre la marchandisation des êtres humains.

Il s’agit notamment des revendications passées et présentes en faveur de la liberté, de l’abolition, de la criminalisation, des réparations et du recours aux tribunaux locaux et internationaux, pour mettre un terme à l’esclavage sous toutes ses formes. Nous examinerons les tensions entre les juridictions autonomes, semi-autonomes, coloniales et postcoloniales en ce qui concerne la codification de la liberté et la manière dont les individus et les sociétés ont façonné ces espaces de droit en y circulant et en sortant tout en résistant à l’esclavage. Ce symposium donnera la priorité aux perspectives de ceux et celles qui ont porté et portent encore le fardeau le plus lourd : les personnes esclavisées elles-mêmes, et leur rôle actif dans la suppression de l’esclavagisme et la recherche de voies vers la liberté.

Quelques sujets suggérés, mais sans s’y limiter :

  • Marronage

  • Communautés de refuge

  • L’émigration vers les zones urbaines/l’étranger

  • Les systèmes de rançon et de rédemption

  • Les demandes de réparation

  • Abolitionisme

  • Conflits juridiques

  • Reconfiguration/transformation des relations sociales

  • Révoltes, individuelles et collectives

  • Activisme anti-esclavagiste

  • Stratégies environnementales, aménagements du paysage et structures matérielles (murs, grottes, etc.), stratégies défensives

  • Religion et résistance

  • La guérison comme spécialisation et source de pouvoir

  • Psycho-résistance

  • Cultures de mémoire sous formes orales, écrites ou matérielles incarnées

  • Les expressions artistiques de la résistance

  • Les systèmes d’alerte précoce par le biais de contes et de chansons d’alerte (p. ex., interdictions de sortir après la tombée de la nuit, etc.)

Veuillez envoyer un résumé de 300 mots et une courte biographie à mr28@soas.ac.uk, pelckmans@hum.ku.dk, es34@soas.ac.uk, wd2@soas.ac.uk avant le 17 juillet 2023. Les décisions seront communiquées au plus tard le 31 juillet 2023. Les résumés peuvent être envoyés en anglais, en français ou en portugais.

Un financement pourrait être disponible pour couvrir les frais de voyage et d'hébergement pour ceux qui ne disposent pas de leur propre financement.

 

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