© Silvia Esteban

Camille LefebvreMondes modernes et contemporains

Starting Grants

UMR8171 Institut des Mondes Africains (IMAf), CNRS / IRD / EHESS / EPHE / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / AMU

 

Après une formation en histoire à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Camille Lefebvre choisit de s’intéresser à l’histoire de l’Afrique. C’est sur un lieu commun connu de tous que portera son travail de thèse : l’artificialité des frontières africaines. Son premier livre Frontières de sable, frontières de papier a permis de démontrer que contrairement aux idées reçues les frontières du Niger ne sont pas des simples conséquences de la domination coloniale et qu’elles sont tout autant le résultat de l’histoire longue de cette région et notamment des conflits liés au mouvement de Jihad du xixe siècle.

Chargée de recherche au CNRS depuis 2010, Camille Lefebvre poursuit des recherches ancrées dans les terrains saharo-sahéliens et guidées par une attention forte aux manières de dire et de penser le monde dans ces régions du Sahara et du Sahel, notamment aux sources écrites en langues africaines : haoussa et kanouri. Elle a reçu la médaille de bronze du CNRS en 2016 et est membre du comité de rédaction des Annales Histoire, Sciences Sociales depuis 2015.

LANGARCHIV - La langue comme archive. Linguistique européenne et histoire sociale du Sahara et du Sahel au xviiie et xixe siècle

Comment écrire une histoire des sociétés du Sahara et du Sahel central aux xviiie et xixe siècles qui ne soit pas qu’une histoire des élites lettrées musulmanes ou des pouvoirs politiques dynastiques, une histoire qui rendrait la parole à ceux qui n’en ont pas, aux individus ordinaires, aux femmes, à ceux qui sont asservis ? Le projet Langarchiv a mis au jour un nouveau corpus documentaire pour l’histoire de cette région, jusqu’ici négligé par les chercheurs et les chercheuses : les matériaux en langues haoussa et kanouri. Afin de décrire ces langues, entre 1772 et 1918, des savants et des amateurs germanophones, britanniques et français ont collecté au Brésil, à Londres, en Sierra Leone ou dans le Maghreb, puis publié ou conservé des centaines de textes dans ces deux langues recueillis auprès de lettrés, d’esclaves ou de marchands de ces régions. Ces matériaux vont de la simple liste de mots, glossaires ou grammaires, à des corpus de proverbes, de contes, des chansons, des pièces de théâtre, des récits de vie ou de voyage et des textes historiques. Ce projet met ainsi en lumière un corpus de sources historiques en langue africaine, notamment en haoussa une langue parlée actuellement par près de 50 millions de personnes dans six pays, et contribue de ce fait au développement et à la promotion de la connaissance historique sur ces régions.

LANGARCHIV

Travail sur les manuscrits ajami avec les lettrés de Zinder et le collègue de Camille Lefebvre, Ari Awagana © Pauline Rousseau 2018

Mots clefs :

Histoire, Sahara, Sahel, langues africaines, archives