Matthias UrbanSciences du langage
Dynamique du langage (DDL, CNRS / Université Lumière Lyon 2)
Les recherches de Matthias Urban portent sur les manifestations, l'étendue et la genèse de la diversité linguistique humaine à l'échelle mondiale et locale. Pour comprendre les processus qui ont façonné cette diversité, il combine les données de la linguistique historique et de la typologie des langues dans une perspective interdisciplinaire, impliquant l'archéologie et l'anthropologie moléculaire, qui permet de découvrir les liens entre des populations humaines anciennes et modernes via des analyses d’ADN ou encore de protéines.
Il a reçu une formation en linguistique à l'Université de Cologne et à l'Institut Max Planck d'Anthropologie Evolutive de Leipzig, en Allemagne. Avant de rejoindre le CNRS, il a occupé des postes postdoctoraux à la Philipps-Universität Marburg en Allemagne et à l'Université de Leiden aux Pays-Bas, et a dirigé un groupe de recherche junior sur la dynamique des langues préhistoriques des Andes centrales à l'Université de Tübingen en Allemagne. Membre de la Young Academy of Europe, il a été chercheur invité à la Dumbarton Oaks Research Library and Collection de l'Université de Harvard (États-Unis), ainsi qu’ à l'université d'Helsinki (Finlande) et professeur invité à l'Université de Pavie (Italie).
LANGUAGE REDUX
Le projet LANGUAGE REDUX relève le défi constant de comprendre les processus qui ont façonné la diversité linguistique et son histoire. Traditionnellement, la linguistique historique s'est concentrée sur la diversification et l'expansion des familles de langues. Par exemple, les langues indo-européennes, auxquelles appartient le français, sont arrivées en Europe depuis les steppes pontiques-caspiennes ou l'Anatolie. De telles expansions ont toutefois un corollaire logique qui n'a pas encore été étudié : lorsque des langues s'étendent, les langues autochtones préexistantes cèdent du terrain et reculent - comme l'a fait le basque au cours des millénaires (voir la carte). Le projet LANGUAGE REDUX examinera si les régions dans lesquelles les langues survivent aux vagues d'expansion ont quelque chose en commun, et si nous pouvons donc nous attendre à ce que certains types d'environnements soient propices à la conservation d'anciennes répartitions linguistiques. Cela aurait des conséquences capitales pour la linguistique historique, car cela nous indiquerait quelles familles de langues et quels types de structures grammaticales étaient autrefois plus courants avant que les grandes vagues d'expansion linguistique ne reconfigurent les répartitions linguistiques. Le projet LANGUAGE REDUX combinera des travaux qualitatifs et quantitatifs sur les distributions de langues et les structures linguistiques, et prendra également en compte les données génétiques pour saisir l'histoire démographique qui sous-tend la dynamique des langues. En tant que tel, il s'inscrit dans un paysage de recherche interdisciplinaire émergent sur la préhistoire humaine.