© Pascal Levy, Panthéon-Sorbonne, 2024

Pauline NadrignyPhilosophie, littératures, arts

Médaille de bronze du CNRS

À la croisée de l’esthétique musicale et de la philosophie de la perception, Pauline Nadrigny, enseignante-chercheuse en philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, s’intéresse aux arts du son et au statut du sonore en général.

Diplômée de l’ENS, agrégée de philosophie et musicienne, Pauline Nadrigny a jeté par ses recherches un pont entre ces deux champs. « On a tendance à présenter l’audible comme le parent pauvre — par rapport au visible — de la réflexion philosophique », déplore-t-elle. « Il n’en est rien et je m’inscris en cela dans un héritage très riche, celui de cette histoire qui pense non seulement l’art musical et l’écoute, mais aussi le statut de la voix, des échos, du bruit… ».

En 2016, alors maîtresse de conférence, elle engage ses recherches sur l’objet sonore, les rapports entre musique concrète et philosophie contemporaine. Elle mène alors une enquête sur le harsh noise, un art sonore extrême. « Après une formation classique, jai été attirée par les pratiques bruitistes, les accidents, le glitch, le hacking, les captures fortuites des preneurs de son, les merveilleux hasards dont l’enregistrement est si souvent le lieu ».

À l’Institut des sciences juridiques et philosophiques de la Sorbonne (CNRS / Paris 1 Panthéon-Sorbonne), qu’elle rejoint en 2018, elle se tourne vers le thème de l’écologie sonore. Un projet sur le statut de l’écoute musicale à l’université Columbia, à New York, fait en effet bouger ses lignes de recherche. En pleine pandémie, lors de ses marches quotidiennes dans une ville désertée, son attention se fixe sur l’environnement sonore : bruits de pas, insectes, circulations buissonnières, hululement des ambulances… « Dans un contexte de changement radical de structure du paysage sonore, l’expérience sensible de la pandémie m’a rendue plus attentive au son dans sa dimension écologiquement située », se souvient-elle.

Pauline Nadrigny souhaite aujourd’hui approfondir son étude des mutations contemporaines de l’écoute. « Je suis intéressée, en tant que philosophe, par ce que nos pratiques d’écoute disent de nos besoins en termes de réalité, de présence et d’expérience sensible dans un monde de plus en plus médiatisé ». Dans le sillage des Science and Technology Studies, elle porte désormais un projet pour penser les liens qui peuvent se tisser entre enregistrement, sonification et sciences.