© Philippe Molinié

Soraya BoudiaSociété du risque (ou gouverner un monde toxique)

Médaille d’argent du CNRS

Par ses travaux sur le gouvernement global des technosciences et par ces mêmes technosciences, Soraya Boudia, professeure à l’université Paris Cité, en détachement au CNRS, membre du Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société (Cermes3, CNRS / Inserm / Université Paris Cité / EHESS), a développé une approche originale dans l’étude des rapports entre science, expertise et politique.

 « Dès ma jeunesse, ce qui m’a fascinée c’était le rôle des productions intellectuelles et celui des techniques matérielles dans les transformations des sociétés et des individus », confie Soraya Boudia. Après un bac scientifique obtenu en Algérie, elle poursuit ses études à Paris. Des rencontres lors d’un stage au sein du musée et des archives Curie (CNRS / Institut Curie) confirment ses aspirations pour la recherche. « Mes premiers travaux ont ainsi porté sur l’histoire de la radioactivité puis sur celle des sciences nucléaires, en analysant l’émergence de ce nouveau champ scientifique, médical et industriel ». Une année après la soutenance de sa thèse, elle dirige d’ailleurs ce même musée, de 1999 à 2003. Elle conduit alors une série de travaux sur la culture et le patrimoine scientifique.

Elle entame ensuite une carrière d’enseignante-chercheuse à l’université de Strasbourg avant de rejoindre l’université Paris Cité et le Cermes3 en 2014. Au cours de ces années, elle s’intéresse aux risques nucléaires et à leur gestion dans des cadres marqués par de fortes incertitudes techniques et politiques. Elle précise : « mon hypothèse, confirmée par la suite, était que le nucléaire a été un laboratoire d’expérimentation pour définir des politiques de gestion des débordements des innovations ». Elle prolonge ces travaux par une histoire du risque et de la société du risque. Elle étudie notamment comment, à partir des années 1970, les effets délétères des pollutions environnementales ont fait l’objet d’un investissement par des institutions d’expertise et de régulation, d’abord aux États-Unis puis à l’échelle internationale.

Ses recherches se poursuivent aujourd’hui sur les rapports entre science et politique à l’ère des changements globaux.Soraya Boudia co-dirige également le programme national de recherche (PEPR) Risques. Elle espère ainsi contribuer à faire émerger une nouvelle génération de recherches, pluridisciplinaire et ouverte sur la société, afin de produire des analyses et apporter des réponses à la hauteur des enjeux.