Véronique BeneïAnthropologie et étude comparative des sociétés contemporaines
Laboratoire d’anthropologie politique (LAP), CNRS / EHESS
Les recherches de Véronique Beneï se situent au croisement d‘une anthropologie politique et d‘une approche sensorielle et incarnée, tant comme objet d’étude que, plus récemment, outil de recherche. Suite à une thèse réalisée à l’EHESS, Paris, elle a obtenu un financement postdoctoral à l’Institut Français de Pondichéry (Inde) avant de rejoindre le CNRS. Parallèlement, elle a conduit des recherches et enseigné à la London School of Economics (Royaume-Uni), et à Princeton et Yale (États-Unis). Après avoir longtemps travaillé sur la production d’attachements à la nation, notamment en milieu scolaire en Inde, Véronique a redéployé ses intérêts de recherche en Amérique du sud. Elle y a développé un programme d’enquêtes sur la violence et le travail performatif de la mémoire et de l’histoire lié aux migrations non choisies, qu’il s’agisse de la traite esclavagiste transatlantique du XVIe au XIXe siècle ou du déplacement forcé interne contemporain. Enfin, formée au Royaume-Uni dans une modalité de « mouvement conscient », Véronique a développé un outillage réflexif de présence incarnée et sensible qu’elle mobilise dans ses enseignements ainsi que dans une exploration alternative artistique pour produire, dire et partager la recherche.
Moving bodies and memories of african slavery in South America - MOVING
Le projet ERC Adg « MOVING » vise à développer une méthodologie ethnographique et interdisciplinaire pour étudier les traces, dans les mémoires des corps, de l'esclavage d'origine africaine dans des contextes post-esclavagistes et diasporiques. Le projet est ancré dans une anthropologie historique des mémoires de l'esclavage que Véronique Beneï mène principalement en Colombie depuis ces quinze dernières années. Il s’appuie aussi sur ses travaux antérieurs sur la notion d’embodiment et la production affective de sens d’appartenance en Inde. Impulsant de nouvelles orientations théoriques et méthodologiques, le projet se concentre sur les corps et le potentiel de transformation individuelle et sociale de leurs mouvements en relation aux émotions et mémoires qui les traversent.
MOVING adopte une approche comparative sur trois pays d’Amérique du sud : le Brésil, le Chili et la Colombie. Il combine les outils classiques de l'anthropologie - travail ethnographique « sur le terrain » - avec une recherche interdisciplinaire, expérimentale et artistique réunissant universitaires du monde entier et artistes sud-américains, auxquels il associe une « collaboration citoyenne » dans les trois pays.