Sciences sociales, sciences « molles » ?

Le cas de l’anthropologie
Anthropologie
Auteur(s)
Bernard Formoso
Publication
mars 2025
Éditeur
L'Harmattan

Qualifiées de « dures » ou d’« exactes », les sciences de la vie et de la matière font apparaître par contraste les sciences sociales comme subjectives et inabouties. Le présent essai déconstruit ces idées reçues en montrant que tout savoir scientifique est élaboré empiriquement et socialement.

Il soutient d’autre part que l’extractivisme utilitariste au service duquel agissent les technosciences ne peut être l’étalon-valeur commun de tous les champs du savoir.

L’anthropologie est de toutes les sciences sociales celle qui a poussé le plus loin l’examen critique des modalités relationnelles de production des connaissances. C’est aussi celle dont les praticiens ont été les plus sensibles à la critique postmoderne qui réduit le savoir scientifique à un récit
sans vérité, tout en contestant la pertinence des concepts de société et de culture. De ce fait les anthropologues se détournent de plus en plus de l’étude des collectifs humains et de leurs activités culturelles pour porter leurs efforts sur l’analyse de relations humains/non-humains. Cette
réorientation présente un risque majeur de perte d’identité disciplinaire et de faillite épistémique que dénonce l’auteur, solides arguments à l’appui.

En contrepoint, il propose de repenser le contenu et l’usage du concept de culture, qui est au coeur du projet anthropologique, afin de l’expurger de toute connotation essentialiste et de le rendre plus opératoire.

À propos de l'auteur

Bernard Formoso est ethnologue, professeur émérite à l'Université Montpellier Paul Valéry. Spécialiste de l'Asie du Sud-Est et du monde chinois, il a consacré plusieurs ouvrages à la problématique des identités collectives. Le présent essai repose en partie sur les fonctions d'expert qu'il a assumées dans plusieurs instances nationales d'évaluation de sa discipline (CNU 20e section, CoNRS section 38 et Hcéres).