Trans'
Une pensée de la binarité a produit, partout, des rapports de domination en même temps que des frontières figées. Or, les rapports de domination exercés sur le monde sont aujourd’hui plus souvent envisagés comme la raison de sa perte. Dans ce contexte déstabilisant, entraînant de grandes inquiétudes, l’anthropologie apparaît comme une science providentielle.
Nous proposons de considérer la question trans au sein de situations où se rejouent et parfois se défont les binarités. Les phénomènes de passing de classe et de race ont ainsi contribué à remettre en cause les classifications et leurs limites, jusqu’au principe même de leur normativité.
Terrain limite des « identités frontalières » (Miano), la question trans ouvre ainsi l’horizon d’une épistémologie nouvelle, qui est aussi une politique : celle de l’errance et de l’incertitude contre la fixité et la racine.
Ce numéro de Monde commun analyse les incertitudes de la race et du genre, les dédramatise et les replace dans un débat public plus large et nécessaire sur les frontières.
À propos des auteurs
Michel Agier, anthropologue des identités et des frontières, directeur d’études à l’EHESS, est l'auteur de L’étranger qui vient (Seuil, 2018) et de La Sagesse de l’ethnologue (Puf, 2019).
Mélanie Gourarier est anthropologue du genre et des sexualités, chargée de recherches au CNRS, autrice de Alpha mâle. Séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes (Seuil, 2017).