Vers l'écologie de guerre

Une histoire environnementale de la paix
Science politique
Auteur(s)
Pierre Charbonnier
Publication
août 2024
Appartenance
Centre d'Études Européennes et de Politique Comparée (CEE)
Éditeur
La Découverte

L'étrange hypothèse qui structure ce livre est que la seule chose plus dangereuse que la guerre pour la nature et le climat, c'est la paix.

Nous sommes en effet les héritiers d'une histoire intellectuelle et politique qui a constamment répété l'axiome selon lequel créer les conditions de la paix entre les hommes nécessitait d'exploiter la nature, d'échanger des ressources et de fournir à tous et toutes la prospérité suffisante. Dans cette logique, pour que jalousie, conflit et désir de guerre s'effacent, il fallait d'abord lutter contre la rareté des ressources naturelles. Il fallait aussi un langage universel à l'humanité, qui sera celui des sciences, des techniques, du développement. 


Ces idées, que l'on peut faire remonter au XVIIIe siècle, ont trouvé au milieu du XXe une concrétisation tout à fait frappante. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le développement des infrastructures fossiles a été jumelé à un discours pacifiste et universaliste qui entendait saper les causes de la guerre en libérant la productivité. Ainsi, la paix, ou l'équilibre des grandes puissances mis en place par les États-Unis, est en large partie un don des fossiles, notamment du pétrole. 


Au XXIe siècle, ce paradigme est devenu obsolète puisque nous devons à la fois garantir la paix et la sécurité et intégrer les limites planétaires : soit apprendre à faire la paix sans détruire la planète. C'est dans ce contexte qu'émerge la possibilité de l'écologie de guerre, selon laquelle soutenabilité et sécurité doivent désormais s'aligner pour aiguiller vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce livre est un appel lancé aux écologistes pour qu'ils apprennent à parler le langage de la géopolitique.

À propos de l'auteur

Pierre Charbonnier, philosophe, agrégé et docteur en philosophie, est actuellement chargé de recherches au CNRS et enseignant à Sciences Po. Il est l'auteur de La Fin d'un grand partage (CNRS, 2015), d'un livre d'entretiens avec Philippe Descola, La Composition des mondes (Flammarion, 2014), d' Abondance et liberté (La Découverte, 2019) et de Culture écologique (Presses de Sciences Po, 2022).