La réflexion prospective en sciences humaines & sociales au CNRS

En effet, comme tous les membres des unités mixtes de recherche de CNRS Sciences humaines & sociales, le savent, depuis une dizaine d’années, l’institut définit et soutient des priorités scientifiques. À l’heure actuelle, CNRS Sciences humaines & sociales soutient l’archéologie et l’anthropologie et coordonne un important volet de recherche en sciences de l’Antiquité. L’institut s’attache aussi à renforcer certaines approches méthodologiques : celles relatives aux études aréales ; aux sciences partagées ; aux humanités numériques ; à la conceptualisation et la formalisation, aux analyses qualitatives et quantitatives des données, et à l’expérimentation. Enfin, CNRS Sciences humaines & sociales soutient le développement de recherches sur certains objets : santé, habitabilité de la planète, transitions numériques, éducation, intelligence artificielle.

Ainsi que le rappelle Patrice Bourdelais, directeur de l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS entre 2010 et 2017, la mise en œuvre de cette politique scientifique a été élaborée en réponse à une demande de la Cour des Comptes interrogeant le soutien du CNRS à certaines disciplines. La réflexion fortement prospective et prenant en compte toutes les dimensions de l’espace de la recherche française en sciences humaines et sociales, a abouti à la définition de priorités disciplinaires, méthodologiques et thématiques qui orientent de façon privilégiée la politique scientifique de CNRS Sciences humaines & sociales et sa mise en œuvre concrète. François-Joseph Ruggiu, lors de son mandat à la direction de l’institut entre 2017 et 2021, a souhaité voir interrogées par le CSI certaines de ces priorités, ainsi qu’il l’explique dans son article. Pointant les apports précieux de ce rapport pour la suite de la réflexion prospective de CNRS Sciences humaines & sociales, François-Joseph Ruggiu confirme l’intérêt de la réflexion collective pour se projeter vers le futur des sciences humaines et sociales en France.

Les tables rondes organisées le 26 septembre avaient justement pour objectif de permettre cet échange collectif autour des thématiques du rapport1 . Bien que toutes stimulantes et permettant d’ouvrir les champs de réflexion pour le futur, la table ronde Recherche/Création, en particulier, a relevé sa complexité et, comme le montre Sylvia Girel dans son article, combien il importe de penser ensemble recherche, enseignement et collaboration avec le monde de la création. Le PEPR ICCARE sur les industries culturelles et créatives sera dans les prochaines années un espace clé pour avancer dans cette réflexion.

S’appuyant sur les apports et les pistes de réflexions ouvertes par le rapport de conjoncture et la politique scientifique en cours de CNRS Sciences humaines & sociales, la réflexion prospective entamée en 2022 à travers quelques événements organisés ou soutenus, et notamment une première séquence de prospective sur l’urbain le 2 juin 2023, va prendre une dimension plus forte et plus structurée dans les mois qui viennent2 . Ce travail est mené en dialogue avec les sections du comité national et plusieurs sections se sont emparées de la proposition d’une réflexion sur leur discipline au sens large. C’est le cas de la section 34 Sciences du langage qui apporte ici son témoignage et partage la méthodologie de travail mise en place. D’autres types de consultation des communautés sont en cours ou vont avoir lieu prochainement et devront permettre de réfléchir ensemble au printemps 2025 aux orientations que nous souhaitons collectivement faire prendre aux sciences humaines et sociales.

Le dernier article de ce dossier est l’œuvre d’un des grands témoins de notre temps : Maurice Godelier, premier directeur du département des sciences de l’homme et de la société du CNRS et médaille d’or de cet organisme en 2001. Il nous a confié ses réflexions et ses visions pour l’avenir de la recherche.

Caroline Bodolec, directrice adjointe scientifique, CNRS Sciences humaines & sociales